lundi 28 décembre 2009

Photos que l'on aurait pu prendre (6)

Lou ne veut pas que je la photographie.
Toulon, avril 2009

Y a-t-il un temps pour photographier ? Un état sans doute, mais pourquoi faudrait-il le prétexte d'un événement particulier, d'un voyage ou d'un écart à l'habitude pour fixer des images ? Beaucoup de "photos que l'on aurait pu prendre" ne l'ont pas été pour la simple raison qu'il aurait fallu disposer à ce moment-là d'un appareil que l'on n'avait pas sous la main mais, inversement, lorsque l'on a toujours sur soi de quoi photographier ("Shoot ? Toujours prêt !"), c'est la question de la nécessité qui s'invite car, comme pour la carte de Borges dont le souci de reproduction toujours plus fidèle de la réalité l'amène à être aussi grande que son objet, à lui être ainsi parfaitement superposable mais par là-même totalement inutile, à quoi bon la chimère d'espérer ne rien manquer de ce qui peut s'offrir à notre regard, et d'en garder trace ?

vendredi 25 décembre 2009

Une image pour la joie…

Ste Foy-St Sulpice, décembre 2008

jeudi 24 décembre 2009

La disparition des chapeaux

Toronto, mai 1991

Les photos de Louis Faurer, Saul Leiter ou Sergio Larrain, sans parler de Belmondo dans "A bout de souffle", Piccoli dans "Le mépris", ou Desailly dans "La peau douce"… Jusqu'au milieu des années 60, le chapeau est omniprésent sur les images de rue et de foules, et gage de photogénie. Très vite cependant, tout bascule et plus rien ou presque (mai 68 : combien de chapeaux ?). Bien sûr, de Mitterrand à Pete Doherty en passant par Indiana Jones, on verra encore des chapeaux d'affichage mais, il faut se rendre à l'évidence, l'homme de la rue ne porte plus de chapeau depuis belle lurette. Que s'est-il passé ? Qui dira le mystère de la disparition des chapeaux ordinaires ?

mercredi 23 décembre 2009

Citations (5)

Lyon, juin 2007

"Dans les allées du parc, on m'appelait cuisse de mouche
J'attirais les maniaques et les sainte-nitouche
Et les fois peu nombreuses où nos mains se joignaient
Ma petite amoureuse me tordait le poignet"

mardi 22 décembre 2009

Chambres d'hôtel (24)

Canton, avril 1986

Au début, on croit que c'est un souvenir comme un autre, une chambre d'hôtel de plus dont a retrouvé la trace en se baladant dans des boîtes d'archives. On revoit vaguement la chambre elle-même et la photo nous remémore son côté spartiate, avec la toute petite table de travail et la chaise de bureau — skaï et pieds grêles — qui toutes deux s'accordent au lit que l'on ne voit pas, mais qui était de fer et étroit. Et puis, un zoom arrière mental renvoie à la Guest House du South China Institute of Technology dans son entier, bizarrement posée à deux pas d'un étang infesté de moustiques en un coin reculé du campus. Et comme naturellement, on se souvient par enchaînement que, l'hôtel étant réservé aux étrangers alors encore peu nombreux à se rendre en Chine, nous ne sommes le premier soir que deux à partager une salle à manger faite pour cinquante. Conversation d'exilés temporaires, échange de civilités et, de fil en aiguille, la confidence faite à cet inconnu que tu es enceinte. Mais cet enfant que tu portais alors, nous ne le connaîtrons jamais, et cela je ne le sais évidemment pas encore. Et il suffit ainsi d'une image factuelle, un peu pauvre, pour que remonte aujourd'hui à ma mémoire le flux de réalité soudainement plus concrète attachée ce jour-là à cette évocation par le fait même de l'énoncer et qui, peu à peu, la douleur apaisée, se fera de nouveau progressivement abstraite et glissera vers toujours plus d'oubli au fil du temps.
Pourquoi y repenser maintenant ? Peut-être pour avoir réalisé que, à côté de la série des "chambres d'hôtel", le thème poursuivi en parallèle des "photos que l'on aurait pu prendre" est sans doute aussi une façon d'aller du côté des "chemins que l'on aurait pu suivre" et des "vies que l'on aurait pu avoir". Et que, comme pour les photos prises pendant toute une existence qui, tous temps de pose cumulés, ne représentent guère que quelques minutes tout au plus, c'est beaucoup dans les instants brefs de ses bifurcations qu'une existence s'écrit.

lundi 21 décembre 2009

Amériques (6)

entre Parana et Rosario, novembre 1997

Petit point blanc au loin, disparu presque sitôt aperçu, une "quinceañera" en robe de fête se fait photographier au milieu d'un champ. Parenthèse furtive rompant la monotonie de la route, à peine moins brève que le temps de la photo prise au vol.

dimanche 20 décembre 2009

Chambres d'hôtel (23)

Santorin, mai 1985

En ce temps-là, nous voyagions au culot, débarquant un jour de printemps sur l'île de Santorin sans la moindre réservation et trouvant presque naturel que le hasard nous offre une chambre pas chère et parfaite — plafond voûté et terrasse sur la baie — dans un Hôtel Loucas venant à peine de ré-ouvrir et dont le blanchiment annuel des terrasses étagées n'était pas encore terminé.
Une adresse comme celle-ci, on la garde d'abord scrupuleusement pour soi, espérant un peu naïvement qu'elle échappe encore quelque temps aux guides de voyage dont elle semble curieusement absente. Quelques années plus tard, on la confie à des amis comme un secret, pour apprendre à leur retour que — saison plus avancée peut-être ? — une boîte de nuit disco s'est installée juste en-dessous de l'hôtel, se faisant un devoir de casser méthodiquement le silence que nous avions tant aimé.

samedi 19 décembre 2009

Singapour (4)


Nanyang Technological University, décembre 2009

Là-bas comme ici, ou presque…












vendredi 18 décembre 2009

Passerelles (8)

Las Vegas, avril 2008

Singapour, décembre 2009

jeudi 17 décembre 2009

Chambres d'hôtel (22)

Singapour, décembre 2009

La probabilité est faible que la chambre 03-03 que j'occupe à l'Executive Centre de la Nanyang Technological University soit précisément
celle ayant été choisie pour la photo, et il est plus facile d'imaginer qu'elle est vraisemblablement indifférenciable des 149 autres chambres réparties sur les 5 étages de l'hôtel.
En tout état de cause,
la brochure n'est pas trompeuse…

mercredi 16 décembre 2009

Chambres d'hôtel (21)

Cambridge (MA), mars 1996

Il a neigé et — la météo est formelle — il neigera encore bientôt. Par les fenêtres d'angle du Marriott qui est juste à l'extrémité du MIT, on surplombe un parvis venté que traversent sans s'attarder quelques silhouettes. Se perdant dans les brumes de l'autre côté de la Charles River, on devine les tours de Boston et, si le regard pouvait porter un peu plus loin encore sur la gauche, on aborderait à l'embouchure de la Mystic River, celle-là même autour de laquelle rôdera quelques années plus tard le film de Clint Eastwood. Si l'on tournait maintenant le dos au vitrage, cette singularité s'évanouirait d'un coup dans l'anonymat des Marriott du monde entier, dont l'agencement semblable est supposé rassurer ceux pour qui les hôtels ne sont plus de voyage ni de découverte, mais dont les chambres sont des bulles avec lesquelles ils se déplacent lorsqu'il faut bien se déplacer.

mardi 15 décembre 2009

Singapour (3)

Nanyang Technological University, le 15 décembre 2009.

Avant, pendant et après la pluie…


































lundi 14 décembre 2009

Singapour (2)


Oxymore pour une ville soucieuse d'ordre et de propreté, un "marché aux puces de Singapour" se tient le week-end dans les étages du centre commercial China Square Central. Beaucoup de jeux vidéo et de figurines de super-héros, mais aussi des échoppes d'authentique brocante, avec leur lot de bricoles quotidiennes obsolètes et de jouets en fer blanc, de vieux vinyls et de photos anciennes en vrac.
Au milieu du tout-venant des mariages et des réceptions, des photos d'identité en studio et des excursions, une image étonnante.
J'aime bien cette photo disposant comme un butin quelques objets de pas grand-chose sur une nappe. Je trouve ce petit théatre intime touchant et tomber par hasard, dans un marché aux puces climatisé, sur cette représentation de ce qui pourrait être un étal modeste sur un trottoir me plaît.

dimanche 13 décembre 2009

Singapour (1)

Singapour, dimanche 13 décembre 2009

Alors Singapour...

Eh bien Singapour aseptisé, sécurisé et calme, si calme en ce dimanche — calme jusque dans son Chinatown aux échoppes interchangeables et aux touristes épars. Les rues du quartier des affaires semblent désertes, mais les hauts buildings abritent un peu partout des centres commerciaux sans âme à l'agitation tranquille. Promenade obligée sur le front de mer et refuge au Starbucks pendant le quart d'heure de pluie torrentielle, pause bercée par une musique lancinante "d'ascenseur" quoique de Noël. Retour entre pelouses et bâtiments officiels.

Quelques images en passant, représentatives de guère plus qu'elles-mêmes...

Nanyang Technological University

Chinatown Complex

Pagoda Street

Temple Street

South Bridge Road

Smith Street

Fullerton Road

Funan DigitaLife Mall

High Street

samedi 12 décembre 2009

Chambres d'hôtel (20)

Venise, novembre 1983

D'où tenait-elle l'adresse ? Toujours est-il que c'est Françoise R. qui nous fit découvrir la Casa de Stefani au tout début des années 80 et que nous en fîmes notre point de chute vénitien pendant plusieurs années, presque toujours en novembre. Souvenirs de réservations aléatoires, de trains de nuit nous faisant parfois arriver avant que la pension ne soit ouverte et traîner autour du Campo San Barnaba désert à la recherche d'un café où attendre. Et puis l'entrée très sombre et son odeur entêtante de pisse de chat. Et encore l'espace immense du salon du premier étage sur lequel donnaient quelques chambres, sol de marbre, fresques à l'abandon et hauts fauteuils de bois — inconfortables et si travaillés qu'on aurait pu les croire sortis tout droit du chœur d'une église gothique. Et enfin les chambres dont l'exploration successive au fil des ans souligna la grande disparité, de la minuscule 6 (à éviter) à l'imposante 11, soixante mètres carrés au moins, fenêtres donnant sur la ruelle, avec dans un coin une cabine de douche posée comme une verrue, installée sans ménagement aucun pour ce qui restait des fresques au mur.
Lorsque la "Suite Vénitienne" de Sophie Calle sortira en 1982, nous y apprendrons que c'est là que résidait le Henri B. qu'elle cherchait à retrouver, et la raison d'y retourner en sera démultipliée jusqu'à ce que la pension ferme et qu'il faille aller ailleurs. Des années plus tard, je lirai dans "L'Italie Retrouvée" de Jean-Louis Vaudoyer que c'est sur la Casa de Stefani qu'il se rabattra lorsque, revenant à Venise longtemps après ses années de "club des longues moustaches" (avec, entre autres compagnons, Henri de Régnier dont on vient de ré-éditer "L'Altana"), il trouvera fermée la Casa Zuliani qui était auparavant son repaire.
Après bien des années de porte close, la Casa de Stefani s'est transformée en un hôtel plus chic et plus cher, au lobby un peu clinquant. Tout a semble-t-il été refait et, si ses fantômes n'ont pas tout à fait disparu, c'est sans doute plutôt mêlés aux échos des pas sur les pavés de la Calle Lungha San Barnaba qu'il faut espérer maintenant les croiser.

vendredi 11 décembre 2009

Amériques (5)

sur les rives du fleuve Parana, novembre 1997

La route se termine en hésitant, cul-de-sac de terre battue, parking informel où l'on se gare au petit bonheur. Une balustrade de bois, quelques bancs que des générations de promeneurs et d'amoureux ont gravés au couteau, et puis le fleuve de passage, large et lent, que l'on regarde en silence alors que s'étire la fin de l'après-midi.

jeudi 10 décembre 2009

Ils arrivent…

Aussois, décembre 2009

mercredi 9 décembre 2009

Chambres d'hôtel (19)

Chennai, janvier 2002

Le train de nuit en provenance de Bangalore est arrivé à l'heure.
Sortir à cinq heures du matin de la gare de Chennai, c'est débarquer sans préavis dans un monde dont la violence visuelle est renforcée par l'obscurité encore lourde des rues mal éclairées. C'est aborder de front aux rivages d'une réalité qui est loin des chatoiements de la pleine journée qui la rendront plus abstraite et c'est — avançant aux pointillés fluctuants des braseros jalonnant la chaussée — devoir se frayer un chemin au milieu même de ceux qui y vivent et y terminent leur nuit.
L'agitation naissante s'estompe très vite dès que l'on se glisse dans les rues adjacentes, mais il est trop tôt encore pour espérer trouver autre chose que porte close aux quelques petits hôtels qui s'y échelonnent. Poussant plus loin alors que le jour commence à pointer, le Tristar Hotel offre un point de chute moderne et aseptisé où l'on se réfugie sans enthousiasme.
De l'autre côté du boulevard qui se perd dans la brume, des palissades grand format dissimulent l'entrée d'un quartier de planches et de tôles où, n'étant que de passage, l'idée même de photographier me devient totalement étrangère.

mardi 8 décembre 2009

Photos que l'on aurait pu prendre (5)


Le jour où j'ai fait ma première photo, par Jean-Philippe Toussaint (2001)

"Ma première photo, je l'ai faite vers quarante ans — à trente-neuf ans exactement, quelques jours après mon anniversaire de trente-neuf ans. Certes, à vingt ans, j'avais déjà fait quelques photos que je développais dans ma salle de bain. [...] Plus tard, vers trente ans, ce n'est plus que dans mes livres que je fis des photos. Les plus emblématiques sont celles que j'ai faites dans L'Appareil-photo, avec un appareil volé, quelques photos mentales prises en courant dans la nuit dans les escaliers d'un navire, photos uniformément sous-exposées qui, lorsque je les fis développer, ne révélèrent rien d'autre que quelques traces de mon absence." ... lire la suite

lundi 7 décembre 2009

Chambres d'hôtel (18)

Aussois, le 7 décembre 2009

Un mur crépi, un oreiller... ce pourrait être n'importe où.
Les chambres du Centre Paul Langevin ont le confort pragmatique de ces lieux d'accueil de collectivités servant de centres pour colloques en basse saison. Mobilier en pin, placards verts et, au mur, une affiche Samivel un peu passée du Parc Naturel des Ecrins.
Petit-déjeuner à partir de 7h30.
Ne pas oublier de laisser la clef sur le tableau avant le départ (clef perdue : 20 €).

dimanche 6 décembre 2009

Shanghai (2)

Campus de l'East China Normal University,
Shanghai, décembre 2006

samedi 5 décembre 2009

Vélo, boulot, dodo (4)

jeudi 26 novembre 2009, 7 h 38

vendredi 4 décembre 2009

Paysages intermédiaires (11)


Minneapolis (MN), août 1988

Construit en 1924 (dixit Wikipedia), le Memorial Stadium de l'Université du Minnesota a été démoli en 1992. Désaffecté depuis 1981, il aura suffi de quelques années pour qu'il commence à ressembler à une ruine antique dans laquelle la végétation s'est vite appliquée à reprendre ses droits.

jeudi 3 décembre 2009

City lights (3)

Chungli, décembre 2005

mercredi 2 décembre 2009

Citations (4)

Lyon, le 8 juin 2009

"Moi qui suis femme de président,
J'en ai pas moins de cœur pour autant,
De voir tomber des têtes,
A la fin, ça m'embête,
Et mon mari, le président,
Qui m'aime bien, qui m'aime tant,
Quand j'ai le cœur qui flanche,
Tripote la balance"

mardi 1 décembre 2009

lundi 30 novembre 2009

Chambres d'hôtel (17)

Hôtel Molino del Rey,
Guanajuato, décembre 1994

Une chambre d'hôtel, c'est aussi les bruits du dehors qui y pénètrent et en font partie au même titre que le papier peint, la lampe de chevet ou le dessus de lit. On s'endort au son de la circulation qui s'amenuise et des éclats de voix qui, de temps en temps, résonnent avant de se perdre au coin de la rue. On se réveille au va-et-vient des livreurs klaxonnés par les taxis et aux rires des enfants sur le chemin de l'école. Et lorsque le silence se fait aux heures chaudes de la journée, c'est celui de la ville qui s'assoupit qui entre dans la chambre et s'y installe.

dimanche 29 novembre 2009

Citations (3)

Los Angeles, novembre 2008

"- ... and they peed on my rug.
- They peed on your fucking rug!
- ... peed on my fucking rug.
- That's right, Dude, they peed on your fucking rug..."

samedi 28 novembre 2009

Paysages intermédiaires (10)

Bucarest, mai 1995

Un peu plus de cinq ans que le régime de Ceaucescu est tombé et que les restrictions d'alimentation ont en grande partie disparu. Et pourtant, chaque jour dès avant six heures du matin, une queue faite de gens plutôt âgés se forme en face des grilles du Politehnica pour du lait que l'on trouve désormais sans difficulté toute la journée. Transition longue à absorber après un changement brutal, comme ces ralentissements sur l'autoroute qui s'évanouissent lorsque l'on passe sur le lieu même où ce qui en a été la cause a disparu depuis longtemps déjà.

vendredi 27 novembre 2009

Chambres d'hôtel (16)

Tropic (UT), avril 2008

Bien peu d'hôtels aux Etats-Unis où l'on peut ouvrir le tiroir de sa table de nuit sans y trouver une Bible des Mormons déposée là par les "Gédéons". Pourquoi diable le Bulberry Inn de Tropic dérogerait-il à la règle ?

jeudi 26 novembre 2009

Photos que l'on aurait pu prendre (4)

Texas, novembre 1996

Thanksgiving, il y a treize ans exactement. Quatre jours de route dans le Texas profond avec Rich B., de Houston à la frontière mexicaine en passant par San Antonio et retour.

Photo pas prise 1. Le Denny's de Columbus affiche un menu "spécial dinde". Trois ou quatre esseulés perdus sous la débauche de néons d'une salle à la gaieté factice.

Photo pas prise 2. Un coffee shop vert et blanc en bord de route où le temps semble s'être arrêté, tenu par une femme d'âge moyen aidée par celle qui est visiblement sa mère. Toutes deux, qui sont habillées à l'identique du même tablier vert et de la même petite coiffe blanche dans les cheveux, sont bientôt rejointes par la fille/petite-fille qui est l'exacte copie des deux autres. Hésitation à leur proposer de les photographier. Regret de ne pas l'avoir fait.

Photo pas prise 3. Sur une route de traverse où ne passe quasiment aucune circulation, une camionnette arrêtée sur le bas-côté, qui vend du fudge artisanal.

Photo pas prise 4. Un "Family restaurant" où bruncher le dimanche matin. Pas d'indication à l'extérieur du bâtiment en forme de long parallélépipède de béton, le seul indice pour l'identifier étant le rassemblement des pick-ups de chasseurs qui l'entoure. A l'intérieur, des tablées de red necks dans la pénombre.

Photo prise (quand même, mais où ?). Une cabane de fortune autour d'un gigantesque poêle où se prépare à feu continu de la viande cuite au barbecue. Salle à manger de quelques tables, nappe en toile cirée et fond de télé.

mercredi 25 novembre 2009

Paysages intermédiaires (9)

Maine, été 2002

"Il y a cette magie des noms de lieu qui agit comme l'éther sur la cervelle des gosses (j'en étais) vautrés sur des atlas les longs dimanches de pluie. On lit : Tucuman, Surabaya, Flores — on se dit "un jour j'irai là-bas" — on dessine avec l'ongle du pouce le cours du Yukan sur le beurre de sa tartine. Souvent cette toponymie prestigieuse est mensongère et vous conduit dans un de ces "culs du monde" qui n'offrent que tôle ondulée, chiens efflanqués, putes édentées et modiques arnaques à la mesure du lieu. Il suffit alors d'avaler plusieurs fois sa salive, sa déception… et de poursuivre, parce que souvent aussi, à moins d'une heure de cariole ou à bon pas une bourgade qui a négligé de mettre son nom sur la carte — ou alors un nom que l'œil saute — vous attendait, vous, précisément vous : Belle au bois dormant, et c'est le paradis, fardé de fine poussière et de fraîcheur. Et c'est une mosquée vert pistache plus légère que son ombre, des gamins tondus stridents qui fouettent leur toupie, des perdrix dans des cages d'osier frais coupé, une petite place et le tremblement éperdu des peupliers blancs d'Asie, et personne, bien sûr, ne vous a dit "tout est là".
En route, le mieux c'est de se perdre. Lorsqu'on s'égare, les projets font place aux surprises et c'est alors, mais alors seulement que le voyage commence." (Atlas, Nicolas Bouvier)

mardi 24 novembre 2009

Chambres d'hôtel (15)

Les Trésoms, Annecy, juin 2008

Lorsqu'on s'y retrouve souvent seul, les chambres d'hôtel sont par excellence un appel à l'autoportrait. Figures de style rebattues, images cliché s'il en est, ces photos ne disent en général pas grand chose et montrent très peu mais on y sacrifie quand même de temps en temps, sans trop savoir ni pourquoi ni ce qu'on en fera ensuite...

lundi 23 novembre 2009

Passerelles (6)

Fondation Querini Stampalia, Venise, octobre 1993

Hôtel de l'Amitié, Pékin, avril 1986