mercredi 9 décembre 2009
Chambres d'hôtel (19)
Le train de nuit en provenance de Bangalore est arrivé à l'heure.
Sortir à cinq heures du matin de la gare de Chennai, c'est débarquer sans préavis dans un monde dont la violence visuelle est renforcée par l'obscurité encore lourde des rues mal éclairées. C'est aborder de front aux rivages d'une réalité qui est loin des chatoiements de la pleine journée qui la rendront plus abstraite et c'est — avançant aux pointillés fluctuants des braseros jalonnant la chaussée — devoir se frayer un chemin au milieu même de ceux qui y vivent et y terminent leur nuit.
L'agitation naissante s'estompe très vite dès que l'on se glisse dans les rues adjacentes, mais il est trop tôt encore pour espérer trouver autre chose que porte close aux quelques petits hôtels qui s'y échelonnent. Poussant plus loin alors que le jour commence à pointer, le Tristar Hotel offre un point de chute moderne et aseptisé où l'on se réfugie sans enthousiasme.
De l'autre côté du boulevard qui se perd dans la brume, des palissades grand format dissimulent l'entrée d'un quartier de planches et de tôles où, n'étant que de passage, l'idée même de photographier me devient totalement étrangère.
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