mardi 8 décembre 2009

Photos que l'on aurait pu prendre (5)


Le jour où j'ai fait ma première photo, par Jean-Philippe Toussaint (2001)

"Ma première photo, je l'ai faite vers quarante ans — à trente-neuf ans exactement, quelques jours après mon anniversaire de trente-neuf ans. Certes, à vingt ans, j'avais déjà fait quelques photos que je développais dans ma salle de bain. [...] Plus tard, vers trente ans, ce n'est plus que dans mes livres que je fis des photos. Les plus emblématiques sont celles que j'ai faites dans L'Appareil-photo, avec un appareil volé, quelques photos mentales prises en courant dans la nuit dans les escaliers d'un navire, photos uniformément sous-exposées qui, lorsque je les fis développer, ne révélèrent rien d'autre que quelques traces de mon absence." ... lire la suite

2 commentaires:

  1. D'abord, elle passa rapidement, puis aperçut la petite lucarne.Un univers s'offait à elle, des livres!Et deux objets.Le premier semblait être un tampon encreur à l'éffigie d'un jeune belge et le second une petit voiture, une deudeuche, une 2CV, bref le véhicule tous les rêves quand on a eu 20 ans il y a quelques décennies.Et les livres, donc.Un dictionnaire d'étymologie qui lui suffirait à lui seul, comme unique lecture, si un jour elle devait partir dans une île déserte et tous les livres( ou presque ) de J.P.Toussaint.Elle voulut en saisir un.Mais l'écran de son ordinateur la rappella soudain à la dure réalité.Les livres étaient dans le monde virtuel et elle encore dans le monde réel.
    Elle lut le texte pur trouver la clef.Et la trouva.Ce fut une chute vertigineuse dans un dédale de textes, un labyrinthe de mots, des couloirs de phrases....F.in wonderland!Elle ne trouva pas de lapin blanc pour remonter à la surface mais une petite souris noire dans sa main droite.Clic.Elle appuya sur la touche"imprimer".Et elle plaça la photo dans sa propre bibliothèque entre Michel Tournier et Michel Tremblay.Après, il fallut se mettre au travail...

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  2. Merci Franz pour ce "plus que commentaire" ! Encore plus que les photos que l'on aurait pu prendre, les livres que l'on aurait pu lire ou écrire offrent en effet une potentialité (borgésienne) vertigineuse. Et Toussaint, qui se définit lui-même comme un écrivain "infinitésimaliste", est souvent sur ces frontières où la virtualité ne naît pas tant de l'absence que de l'épuisement de la réalité.

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