samedi 28 mai 2011

vendredi 27 mai 2011

mercredi 25 mai 2011

Chambres d'hôtel (Hors Série 3)

Chambre 206, Grand Hotel Praha,
Prague, 25 mai 2011

Cafés (19)

Grand Café Orient,
Prague, 25 mai 2011

Passantes


Prague, 24 mai 2011

mardi 24 mai 2011

dimanche 22 mai 2011

La vie des livres (12)

Lyon, janvier 2011

Dans le désordre apparent de leurs alignements, de leurs empilements et de leurs juxtapositions, les livres offerts aux étals des bouquinistes ne sont pas là qu'en attente de l'hypothétique nouvelle vie que nous pourrions leur offrir, ils nous parlent aussi de nous. Preuves tangibles du temps qui passe, leurs couvertures instantanément familières nous renvoient à notre jeunesse, à notre enfance, à des temps que l'on réalise brusquement comme étant déjà bien lointains. C'est un Joseph, Noémie, Célestin et autres paysans d'Ardèche (dont la typographie même du titre, de l'American Typewriter qui a pu être insolemment moderne à la une des Libé de la fin des années 70, paraît aujourd'hui étonnamment datée) et les années folk s'invitent avec chemises grand-père, sabots suédois, Malicorne, Malville et Larzac. Juste à côté, hasard ou pas, un peu de Maspero avec Libres enfants de Summerhill dans l'édition — crême et blanche — dont on parlait avec entendement, sans être tout à fait sûrs de l'avoir vraiment lu. Parfois, reconnaissable à l'annotation manuscrite de chacun de ses volumes, c'est un pan entier de bibliothèque qui est proposé, valse de titres dont on se surprend à voir à quel point la cohabitation a priori sans raison (Lodge, Frank, Holder, Cohen, Rolin, Toussaint, …) est semblable à celle de nos propres rayonnages, nous laissant  — passée l'impression confuse qu'on pourrait en avoir été le propriétaire — avec l'interrogation de savoir ce qu'il adviendra des nôtres à l'heure de la dispersion. D'autres fois, c'est l'enfance plus lointaine qui refait surface à l'occasion d'un éclair aussi inattendu que celui qu'un parfum croisé peut faire ressurgir. Le souvenir, brutalement évident, de ces tourniquets sur les trottoirs en devanture de librairie où se côtoyaient ces livres de poche aux formats oubliés dont on retrouve aujourd'hui un exemplaire isolé, "Marabout" parlant de vie pratique, "J'ai Lu" bleus dédiés à la deuxième guerre mondiale (Afrika Korps, renard du désert, procès de Nüremberg, …) dont on pressentait qu'ils devaient contenir de terribles secrets, "J'ai Lu" encore mais rouges et dorés, clinquants comme les autres mystères qu'ils étaient supposés disséquer, soucoupes volantes, civilisations extra-terrestres, trésors perdus. On balaie du regard les tables et les strates de nos vies se mélangent, d'un "Livre de Poche" au cartouche arrondi sur la tranche à trois "Poulpe" (Nazis dans le métro, La petite écuyère a cafté, Boucher double) en passant par La salle de bain qu'on rachète pour que sa fille la découvre en Minuit. Comme dit Mathieu Lindon dans Ce qu'aimer veut dire : "Je ne veux pas de ma vie que des livres mais, quand même, je ne l'imagine pas sans eux".