jeudi 4 juin 2015

D'un blog l'autre

Les commentaires resteront ouverts pour les coupures usagées, mais glob-o-blog ne devrait plus être alimenté en billets neufs. S'il doit maintenant se passer quelque chose, ce sera plutôt par ici.

J'en profite pour remercier les occasionnels, les fidèles et les irréductibles qui m'ont suivi pendant ces presque 6 ans de publications. À bientôt (peut-être, sûrement, j'espère…) sur d'autres autoroutes, routes ou chemins vicinaux de l'information ! Et dans la vraie vie aussi, pourquoi pas ?

mercredi 22 avril 2015

Retour à la case départ

Beijing Friendship Hotel,
Pékin (Chine), 23 mars 2015

J’ai retrouvé le Beijing Friendship Hotel, cet Hôtel de l’Amitié (« Youyi Binnguan ») où j’avais logé en 1986 et qui était alors un des rares établissements de la capitale autorisé à recevoir des étrangers. Les révolutions passent et tout se recycle. L’ensemble imposant, qui occupe tout un quartier en distribuant ses bâtiments dans un parc, servait dans les années 50 à accueillir les grands frères soviétiques, dignitaires, ingénieurs et techniciens qui venaient aider à la construction du pays en marche. Un coup de froid sino-soviétique et les hôtes historiques sont partis avant que d’autres ne viennent d’ailleurs, ouverture à l’ouest et début d’un business model un peu particulier. Et puis, pour toute populaire et communiste que la république se revendique, un vent de révolution libérale a soufflé, faisant aujourd’hui de l’hôtel un des plus luxueux de Pékin. Une chose demeure : l’accès en reste toujours inimaginable à la plupart des habitants du pays.

 Beijing Friendship Hotel,
Pékin (Chine), avril 1986

Il est toujours difficile, à trente ans de distance ou presque, de faire la part de ce qui a changé ou pas. Une photo d’alors tend à montrer que l’hôtel avait une entrée somme toute très simple, là où ce sont maintenant guérites, barrières et rampes d’accès pour limousines, avec en prime des chasseurs en livrée à l’entrée des portes-tambour. Ce que la photo ne montre pas, c’est le contre-champ fait aujourd’hui d’une double avenue couverte d’une autoroute aérienne au trafic bourdonnant, là où la circulation n’était autrefois que de vélos et où, traversant cette même avenue — mais sans doute a-t-elle été élargie, allez vous y retrouver avec ces immeubles champignons qui, à l’évidence, n’étaient pas là —, on trouvait quelques échoppes dans lesquelles (mais j’en ai déjà parlé ici) on était dévisagés et suivis dans le moindre de ses gestes. Bazars, quincailleries, papeteries, il y avait même un tailleur où M. avait réussi à se faire confectionner un costume sur mesure le temps de son court séjour !
Tout a dû être refait dans l’hôtel, et l’impression d’y retrouver quand même des traces de ce qu’on y avait connu donne un sentiment d’étrangeté dès l’entrée dans le hall. Le marbre du sol est trop brillant et trop clinquant pour ne pas être récent, comme à gauche la distribution d’une série de boxes pour agences de voyages et, à droite, un Bar Milano affichant les attributs incontournables d’un chic international passe-partout — on peut sûrement s’y faire servir des salades avec pignons et roquette, et l’espresso doit être à 6 euros…
Rien n’est plus pareil mais un je-ne-sais-quoi fait affleurer à ma mémoire l’image un peu floue d’un espace obscur aux vitrines austères où moyennant devises (et devises seulement, il y avait alors deux monnaies distinctes, non interchangeables, une pour les nationaux et une pour les étrangers, mais il fallait payer en dollars dans les magasins officiels), on pouvait ici même se procurer quelques souvenirs sans imagination. Et de ce tiroir entrouvert remontent aussi des images du bar attenant proposant bière, whisky ou Fanta local au jaune flamboyant, flashes fugitifs entraînant dans leur sillage des éclats de rencontres de passage avec des étudiants qui logeaient à l’année dans un des bâtiments voisins, un canadien égaré, un africain me disant combien il était dur ici d’avoir la peau noire, plus encore qu’à Moscou d’où il venait.

Beijing Friendship Hotel,
Pékin (Chine), 23 mars 2015

Client potentiel après tout, je m’enquiers auprès de la réception d’une brochure, d’un dépliant, de quelque chose qui m’en dirait davantage sur l’intérieur de l’hôtel, ses chambres, ses salons. Les préposés, qui n’étaient sûrement pas nés lorsque je suis venu ici pour la première fois, sont serviables et pleins de bonne volonté mais, non, il n’ont qu’une carte de visite et un plan d’ensemble à me proposer, il faudra s’en remettre au site internet pour une exploration (virtuelle) plus complète.
J’aurais bien aimé pousser dans les étages mais, repéré, identifié et sans le sésame d’une clé pour l’ascenseur, je ne peux que m’approcher de la première volée de marche en haut de laquelle s’aligne bizarrement une rangée de fauteuils d’apparat, à croire qu’on viendrait parfois s’y installer pour le spectacle des entrées et des sorties… Ce n’est pas cette fois que je saurais s’il existe encore une chambre 1268 et, si oui, à quoi elle peut bien ressembler, loin du papier-peint à fleurs que je lui ai connu, de sa baignoire immense à la robinetterie de cuivre patiné et de son téléphone rondouillard en bakélite.


Chambre 1268,
Beijing Friendship Hotel,
Pékin (Chine), avril 1986

Si, pour nous rendre à nos réunions de travail, nous arpentions chaque jour des couloirs à moquette épaisse s’ouvrant parfois sur un coin salon dont les rideaux tirés cachaient l’ouverture en façade, je crois me souvenir que les séances se tenaient au rez-de-chaussée, voire au sous-sol, dans une petite salle attenante à une entrée dont presque tout l’espace était occupé par une longue table couverte d’un feutre aussi vert que celui d’un billard, sur laquelle trônaient fièrement des bouteilles de « vrai » Coca-Cola d’importation à côté de plus classiques thermos de thé à motifs floraux. Alignements symétriques, napperons brodés, fleurs en vases. Toasts et beaux discours, intérêts plus ou moins symétriques des échanges académiques à venir…

Le complexe « Youyi Binguan » (dont le nom sonne un peu comme « Big one », ce qui correspond bien à son immensité !) n’était pas qu’hôtel mais aussi résidence dans ses bâtiments périphériques. Quelques semaines avant mon départ, j’avais rencontré une certaine C. chez un ami à Paris, et le hasard avait voulu que non seulement elle réside usuellement à Pékin en tant que journaliste free lance (qui pigeait aussi pour une agence du genre Chine nouvelle (?) et assurait la traduction pour la version française d’un bulletin de propagande qui s’appelait Pékin informations (??) ou quelque chose d’approchant), mais encore qu’elle habite précisément au Friendship Hotel.
La retrouver sur place aura donné un tour particulier à ma visite pour les quelques moments de liberté que j’ai pu m’octroyer. Peu de souvenirs précis en fait, mais quelques-uns quand même, les uns se mélangeant sans doute à d’autres plus tard, la tentation étant grande de revenir où l’on est déjà venu, d’avoir l’impression d’en avoir tout oublié ou, au contraire, de croire y retrouver quelque chose qu’on découvre.

Pékin (Chine), avril 1986

C. m’avait trouvé un vélo et je nous revois pédalant un matin très tôt, en direction d’une usine où elle devait se rendre — pour y faire quoi et pourquoi si tôt, mystère… Il faisait encore presque nuit quand nous sommes partis, et je ne sais pas s’il fallait déjà blâmer l’industrie lourde pour sa pollution, mais la ville était ouatée dans un brouillard épais, n’offrant presque à entendre que le bruit grinçant des vélos, parfois le carillon d’une sonnette, plus rarement un bus ou une voiture apparaissant pour disparaître aussitôt (cette même année 1986 où la Chine commençait vraiment à s’ouvrir aux étrangers, la revue Autrement publiera en avril un numéro sur Pékin sous-titré « immense et calme », et c’était exactement cela, une immensité décourageant la marche et si grande que la foule s’y diluait, glissant parfois en désordre mais le plus souvent sans heurts, quelque chose en fait d’une patinoire géante).


Pékin (Chine), avril 1986

Pédaler, s’arrêter, souvenirs en vrac. Les attroupements qui se forment autour de C. lorsqu’elle interroge ou négocie, la cantine ouvrière aux petits pains farcis cuits à la vapeur où elle m’entraîne et dont je n’aurais pu soupçonner l’existence, les murs de brique grise que l’on longe interminablement, les enfants aux pantalons fendus comme en voit sur une photo de Marc Riboud, les poussettes de bambou, les sacoches en skaï au bras des costumes encore Mao, les ouvriers en pause déjeuner assis sur leurs talons au bord des trottoirs — gamelle de fer blanc et cigarette pensive —, les calligraphies éphémères faites à l’eau avec un pinceau géant sur les dalles des allées et la gymnastique dans les parcs (premier contact avec ces rituels aux déclinaisons parfois surprenantes — comme monter à reculons les escaliers et rampes du Temple du Ciel, lent mouvement qui, arrêté par la photo, lui donne un air trouble d’irréalité — dont je me réjouirai à l’identique quinze plus tard avec M.-H. et qui, aujourd’hui encore, semblent inchangés, comme hors du temps), le sérieux des tireurs de cerfs-volants et du public qui jauge et commente, les lunettes entre « Sartre » et « sécurité sociale », les aventures de Tintin redessinées case par case sur le mauvais papier de petits livres de poche…
Il y a longtemps que j’ai perdu la trace de C.. Avant que je ne reparte, elle m’avait fait cadeau d’un da-yi, manteau-doudoune kaki à gros boutons et col de fausse fourrure dans lequel les gardes-frontière s’emmitouflent jusqu’aux confins de la Mongolie et que l’on voit encore porté parfois aujourd’hui par des vétérans semblant ressurgir du passé. Le mien dort aujourd’hui oublié au fond d’un placard après que je ne l’ai que très peu porté, mais en croiser un fortuitement dans la rue a un parfum de madeleine, drôle de symbole pour un temps là-bas arrêté et marqueur ici d’une époque tout autant révolue.





Lyon, 17 avril 2015

Il y a des souvenirs aux contours flous, flottant dans un à peu-près temporel, et d’autres au contraire qui, parce qu’ils sont associés à une période très singulière, renvoient avec netteté à des instants précis de nos vies. On les convoque et c’est comme si on opérait une mise au point sur l’écran de notre passé. Des images peu à peu se forment dans ces nuages que l’on déchiffre, et de plus en plus de choses se mettent en place. On croyait juste mettre en perspective quelques impressions éparses et on se retrouve le nez dans des boîtes de photos et des carnets de dessin, glissant à la frange des moments retrouvés pour aller vers d’autres qui à leur tour nous emmènent un peu plus loin.

Entre globe et hôtel, j’avais commencé ce blog ici, dans ce quartier nord de Pékin, et j’y retourne aujourd’hui comme si l’aimantation en était naturelle.
La boucle est bouclée, quelle meilleure occasion pour arrêter ?

Beijing Books Building,
Pékin (Chine), 17 mars 2015



mardi 14 avril 2015

À l'ombre d'Ai Weiwei


Three Shadows Photography Art Center,
Caochongdi Village, Chaoyang District,
Pékin (Chine), 22 mars 2015

samedi 11 avril 2015

Nuit de Chine…

Ban Chang Hutong,
Pékin (Chine), 21 mars 2015

vendredi 10 avril 2015

Éventail

Chambre 921, 
Liaoning International Hotel,
Pékin (Chine), 19 mars 2015

voir aussi ici

jeudi 9 avril 2015

Passerelles (88)


Pékin (Chine), 22 mars 2015

mercredi 8 avril 2015

Les fantômes de Caochongdi

Pékin (Chine), 22 mars 2015

samedi 4 avril 2015

Partir, arriver, repartir…





Lyon/Pékin, 17/23 mars 2015

vendredi 3 avril 2015

Passerelles (87)

Pékin (Chine), 17 mars 2015

Un petit air d’ailleurs

jeudi 2 avril 2015

Mao Mao (3)

Pékin (Chine), 21-22 mars 2015

La quantité doit en être inépuisable, tant l’imagerie Mao se décline encore à profusion sur les étals du Marché aux Puces de Panjiayuan. Parfois bien alignés et présentés sous blister, le plus souvent en vrac et attendant la poussière, les souvenirs du Grand Timonier se ramassent à la pelle, affiches, tracts, statuettes, médailles, pin’s, briquets et photos le disputant aux innombrables et multilingues « petits livres rouges » à la couverture souple dont le plastique fatigué colle un peu.

Ailleurs et plus ironique, c’est au cœur d’un hutong traditionnel que l’on découvrira un Mao Mao Chong, minuscule bar branché comme on pourrait en trouver à Berlin, New York ou Paris — ambiance feutrée et toiles contemporaines aux murs —, où la carte des cocktails propose un Mao-jito !


mercredi 1 avril 2015

Jiaozi


Pékin (Chine), 17/21 mars 2015

« Pékin. Le premier soir. Dans le quartier sud-est, près d'un square, une avenue bordée de rares lumières. Chant dans l'obscurité, cordes aigres-douces, auditoire attentif. Une roulante, une table et deux bancs sous une lampe. Soupe de ravioli de porc, menus, délicats, soulignés de petites crevettes séchées et d'un soupçon de persil. Le bouillon, trop rallongé de louches d'eau bouillante, tempère l'enthousiasme. »

Patrick Boman, Le Palais des Saveurs-Accumulées, Le Serpent à Plumes (2000).

mardi 31 mars 2015

Pékinois (5)

Pékin (Chine), 22 mars 2015

Pékinoises (5)

Pékin (Chine), 22 mars 2015

lundi 30 mars 2015

Mao Mao (2)

UCCA, 
Espace 798,
Pékin (Chine),
22 mars 2015

L’unité 798 de l’usine militaire désaffectée est devenue l’Espace 798, un SoHo grand format où musées, galeries, boutiques et restaurants drainent une foule dense, familiale et branchée dans le dédale de ses espaces parfois improbables, entre vrai et faux abandon. Des tuyauteries façon Beaubourg courent en hauteur le long des ruelles adossées à des bâtiments clos de barbelés, murs de briques et tags colorés. Les panneaux d’affichage public, où ont dû se côtoyer autrefois dazibao, journaux et textes de propagande pour une lecture collective, appellent aujourd’hui aux expositions en cours et sont un spot privilégié pour les photos-souvenir, en promesse d'un avenir radieux de tout autre nature.



Espace 798,
Pékin (Chine), 22 mars 2015

South China Institute of Technology,
Canton (Chine), avril 1986

samedi 28 mars 2015

Mao Mao (1)

Place Tian'anmen,
Pékin (Chine),
mars 2015

Les grands axes qui longent la Place Tian’anmen sur ses quatre côtés sont bordés de barrières blanches infranchissables. Seraient-elles franchissables qu’on ne s’aventurerait pas à traverser, sauf peut-être à ces rares instants où, l’immensité aidant autant qu’une régulation implacable du trafic (assurée maintenant par des feux ayant remplacé les policières qui s’en chargeaient autrefois, ravivant en moi le souvenir de leur ballet mécanique orchestré sur d’imposantes estrades couvertes que l’on n’a pas jugé bon de faire disparaître…), les intersections se vident miraculeusement de tout véhicule.

Pour accéder à la Place, il faut passer une première barrière de chicanes, lourds croisillons de métal montés sur roulettes et modulables à façon, permettant à n’en pas douter de boucler efficacement tout accès en un rien de temps. Il faut ensuite descendre une volée de marches et emprunter un long couloir souterrain au bout duquel c’est le contrôle proprement dit, scanner à tapis roulant pour les sacs (façon aéroport), passage sous un portique de détection, fouille éventuelle. La préposée à la machine et celui à la fouille s’activent avec ennui sous le regard lointain d’un militaire en faction, hiératique et impassible, semblant pouvoir garder la pose des heures.
Nouvelles marches, chicanes encore et on y est.
L’Histoire est passée plusieurs fois par là mais la Place, qui est désormais interdite aux vélos et où il n’y a pas l’ombre d’un banc où se poser, est aujourd’hui le royaume des touristes (chinois pour la plupart) et des badauds, celui donc des photos-souvenirs, des selfies et des portraits proposés par une nuée de photographes ambulants, catalogues colorés en bandoulière.
Entre ses deux Mao immuables, celui au Nord dont la figure géante surplombe l’entrée de la Cité Interdite et celui au Sud qui dort embaumé dans son Mausolée visité toujours avec ferveur, on croise des uniformes verts un peu partout, posés comme statues ou arpentant les dalles grises au pas cadencé, seuls ou en bataillons. Quelques voitures de police aussi, et des camionnettes de la Croix-Rouge pour l’aide médicale d’urgence.
De loin en loin, quelques fanions s’agitent en signe de ralliement pour des visites organisées. Passent des groupes bruyants. Un couple d’amoureux flâne lentement, main dans la main. La lumière est aveuglante et le fracas de la ville semble étrangement lointain. La Place est immense et calme.


(avril 1986)

vendredi 27 mars 2015

Tous en forme !

Parc du Temple du Ciel,
Pékin (Chine),
23 mars 2015



jeudi 26 mars 2015

Pékinois (4)

Pékin (Chine), 23 mars 2015

Pékinoises (4)

Pékin (Chine), 23 mars 2015

Pékinois (3)

Pékin (Chine), 23 mars 2015

Pékinoises (3)

Pékin (Chine), 21 mars 2015

Pékinois (2)

Pékin (Chine), 21 mars 2015

Pékinoises (2)

Pékin (Chine), 23 mars 2015

Pékinois (1)

Pékin (Chine), 21 mars 2015

Pékinoises (1)

Pékin (Chine), 21 mars 2015