vendredi 25 décembre 2009

Une image pour la joie…

Ste Foy-St Sulpice, décembre 2008

jeudi 24 décembre 2009

La disparition des chapeaux

Toronto, mai 1991

Les photos de Louis Faurer, Saul Leiter ou Sergio Larrain, sans parler de Belmondo dans "A bout de souffle", Piccoli dans "Le mépris", ou Desailly dans "La peau douce"… Jusqu'au milieu des années 60, le chapeau est omniprésent sur les images de rue et de foules, et gage de photogénie. Très vite cependant, tout bascule et plus rien ou presque (mai 68 : combien de chapeaux ?). Bien sûr, de Mitterrand à Pete Doherty en passant par Indiana Jones, on verra encore des chapeaux d'affichage mais, il faut se rendre à l'évidence, l'homme de la rue ne porte plus de chapeau depuis belle lurette. Que s'est-il passé ? Qui dira le mystère de la disparition des chapeaux ordinaires ?

mercredi 23 décembre 2009

Citations (5)

Lyon, juin 2007

"Dans les allées du parc, on m'appelait cuisse de mouche
J'attirais les maniaques et les sainte-nitouche
Et les fois peu nombreuses où nos mains se joignaient
Ma petite amoureuse me tordait le poignet"

mardi 22 décembre 2009

Chambres d'hôtel (24)

Canton, avril 1986

Au début, on croit que c'est un souvenir comme un autre, une chambre d'hôtel de plus dont a retrouvé la trace en se baladant dans des boîtes d'archives. On revoit vaguement la chambre elle-même et la photo nous remémore son côté spartiate, avec la toute petite table de travail et la chaise de bureau — skaï et pieds grêles — qui toutes deux s'accordent au lit que l'on ne voit pas, mais qui était de fer et étroit. Et puis, un zoom arrière mental renvoie à la Guest House du South China Institute of Technology dans son entier, bizarrement posée à deux pas d'un étang infesté de moustiques en un coin reculé du campus. Et comme naturellement, on se souvient par enchaînement que, l'hôtel étant réservé aux étrangers alors encore peu nombreux à se rendre en Chine, nous ne sommes le premier soir que deux à partager une salle à manger faite pour cinquante. Conversation d'exilés temporaires, échange de civilités et, de fil en aiguille, la confidence faite à cet inconnu que tu es enceinte. Mais cet enfant que tu portais alors, nous ne le connaîtrons jamais, et cela je ne le sais évidemment pas encore. Et il suffit ainsi d'une image factuelle, un peu pauvre, pour que remonte aujourd'hui à ma mémoire le flux de réalité soudainement plus concrète attachée ce jour-là à cette évocation par le fait même de l'énoncer et qui, peu à peu, la douleur apaisée, se fera de nouveau progressivement abstraite et glissera vers toujours plus d'oubli au fil du temps.
Pourquoi y repenser maintenant ? Peut-être pour avoir réalisé que, à côté de la série des "chambres d'hôtel", le thème poursuivi en parallèle des "photos que l'on aurait pu prendre" est sans doute aussi une façon d'aller du côté des "chemins que l'on aurait pu suivre" et des "vies que l'on aurait pu avoir". Et que, comme pour les photos prises pendant toute une existence qui, tous temps de pose cumulés, ne représentent guère que quelques minutes tout au plus, c'est beaucoup dans les instants brefs de ses bifurcations qu'une existence s'écrit.

lundi 21 décembre 2009

Amériques (6)

entre Parana et Rosario, novembre 1997

Petit point blanc au loin, disparu presque sitôt aperçu, une "quinceañera" en robe de fête se fait photographier au milieu d'un champ. Parenthèse furtive rompant la monotonie de la route, à peine moins brève que le temps de la photo prise au vol.

dimanche 20 décembre 2009

Chambres d'hôtel (23)

Santorin, mai 1985

En ce temps-là, nous voyagions au culot, débarquant un jour de printemps sur l'île de Santorin sans la moindre réservation et trouvant presque naturel que le hasard nous offre une chambre pas chère et parfaite — plafond voûté et terrasse sur la baie — dans un Hôtel Loucas venant à peine de ré-ouvrir et dont le blanchiment annuel des terrasses étagées n'était pas encore terminé.
Une adresse comme celle-ci, on la garde d'abord scrupuleusement pour soi, espérant un peu naïvement qu'elle échappe encore quelque temps aux guides de voyage dont elle semble curieusement absente. Quelques années plus tard, on la confie à des amis comme un secret, pour apprendre à leur retour que — saison plus avancée peut-être ? — une boîte de nuit disco s'est installée juste en-dessous de l'hôtel, se faisant un devoir de casser méthodiquement le silence que nous avions tant aimé.