samedi 14 décembre 2013

Tea break

Inde, 2013

jeudi 12 décembre 2013

Notes (18)

Pune (Inde), 29 novembre 2013

On m'avait parlé de trois heures pour faire le trajet de Pune à Bombay, il en faudra presque deux pour juste sortir de la ville, enchaînant les déviations permanentes et les avenues en construction qui éventrent le centre, contournant des piles d'autoroutes à venir qui un jour délesteront la chaussée actuelle en la doublant en surplomb — à supposer que la circulation n'ait pas explosé en proportion d'ici là —  mais avec lesquelles il faut pour l'instant composer au ralenti, se frayant un chemin en force entre nids de poules, ralentisseurs dissuasifs et un trafic incessant qui a l'air de s'inventer à chaque instant. Plus tard, bien plus tard, il fera nuit en entrant dans Bombay. De dense, la circulation redeviendra compacte et le trafic se figera de nouveau, la progression se gagnant au millimètre et à l'intimidation. Enchâssés entre les deux rubans d'asphalte à trois voies où le trafic s'asphyxie, on longera longtemps deux murets dérisoires de béton dont les cinquante centimètres qui les séparent sont parcourus d'une végétation sèche et famélique, terrain de jeux pour une grappe de gamins qui y tuent le temps en se chamaillant. Quatre ans peut-être, cinq au plus.

mercredi 11 décembre 2013

mardi 10 décembre 2013

Coronado memories

Hotel del Coronado,
San Diego (Californie), mars 1984

La Floride de "Certains l'aiment chaud" était en Californie. Pour des raisons de coûts je crois, la production avait décidé de localiser le tournage à San Diego, plus proche de Hollywood, en profitant d'une offre faite par l'Hotel del Coronado, vieux vaisseau échoué au bord du Pacifique qui, s'il avait connu ses heures de gloire, vivotait alors en attendant le client. L'hôtel a depuis repris du lustre et tourné palace, réservant ses chambres à des happy few fortunés. Dans l'insouciance des années 80, s'il était illusoire d'espérer jamais y dormir, il offrait cependant en libre accès des bars en terrasse où l'on pouvait jouer à Zelda et Scott en regardant le soleil se coucher dans le roulement des vagues, sirotant des piña colada sans distinction de classe, verre à cocktail, pailles et mini-parasol pour tous. À l'aube des années 90, changement de ton, les non-résidents n'avaient plus droit qu'à un espace réduit où le barman opérait à la chaîne, remplissant des gobelets en plastique à la tirette, avec ce qui ressemblait à un pistolet de pompe à essence… Lorsque je suis retourné à l'Hotel del Coronado à la fin des années 00, j'étais seul et je n'ai pas retenté ma chance, me contentant de traîner dans le lobby aux vitrines "marchandisées" et dans ce qui m'était accessible du dédale des couloirs, architecture victorienne de bois aux accents parfois d'un chalet suisse king size. Et puis, discutant l'an dernier avec Robert G., respectable professeur en visite en France, il m'apprend qu'il est né et a grandi dans ce quartier, juste en face de l'hôtel. Il avait 15 ans lors du tournage du film de Billy Wilder et, avec ses amis, il s'accrochait chaque jour aux grillages pour observer les équipes en action. Petite évaporation du regard lorsqu'il évoque la fois où Marilyn s'est arrêtée pour se tourner vers eux et leur a envoyé un salut de la main et un baiser…

lundi 9 décembre 2013

dimanche 8 décembre 2013

Notes (17)

Argentine, 1997

Ils ont vingt ans à peine — un peu plus, un peu moins, quelle importance — et la beauté tranquille des amoureux du petit matin. Des fois, c'est à la table voisine d'un café à peine ouvert qu'on les rencontre, dialogue à voix basse de leurs regards qui ne se lâchent pas et de leurs mains qui se joignent autour des tasses qu'ils laissent refroidir. D'autres fois, c'est d'un bus filant dans la presque obscurité du jour qui se lève qu'on les voit sortir ensemble d'une allée, emmitouflés, sac à l'épaule et main dans la main, s'embrassant tendrement une dernière fois avant de s'éloigner dans des directions opposées. D'autre fois encore, tout ensemble légers et sérieux, on les croise faisant leur marché et c'est le passé et le futur qui se télescopent, leur vie à venir comme le souvenir de notre jeunesse. Les amants tout neufs se reconnaissent entre mille et, sans le savoir, c'est un peu de leur bonheur qu'ils nous offrent en partage lorsqu'on les aperçoit.