samedi 29 janvier 2011

Les sentiers qui bifurquent

Les Houches,
septembre 2010

vendredi 28 janvier 2011

Cinéma, Cinémas (20)

Tokyo,
octobre 2010

En lisant "Le Lièvre de Patagonie" de Claude Lanzmann (avec, par-dessus mon épaule, l'ombre de MDA, mais c'est une autre histoire…), je tombe sur ce passage : "[...] il y a à Tokyo, dans le quartier des yakuzas, les mafieux japonais, une boîte de nuit étroite et sombre qui s'appelle "La Jetée", en hommage au film de Chris, où m'attend, sur une étagère du bar, une bouteille de Chivas Regal, marquée à mon nom. J'ai dû, un soir, l'acheter à la tenancière, elle fait désormais partie du décor."
Peut-être l'ai-je vue sans la voir, cette bouteille ? Ce que je sais, c'est que, parlant de Wim Wenders avec la même tenancière, celle-ci m'a fait remarquer sans façons que la bouteille de vodka qui était juste devant moi était précisément la sienne…

jeudi 27 janvier 2011

Passerelles (39)

Lyon, 26 janvier 2011

Face-à-face inattendu avec un petit air de là-bas

mardi 25 janvier 2011

Chambres d'hôtel (47)

Kanap (UT), avril 2008

La chambre 125 du Parry Lodge de Kanap (Utah) s'enorgueillit d'avoir accueilli en habitué Ronald Reagan lorsqu'il était acteur, et c'est à la chambre 113 (vue sur jardin) de l'Hôtel des Voyageurs que, tous les soirs, Monsieur Machin nous joue sa Polonaise (S. Reggiani)...
Parfois les chambres d'hôtel, interchangeables et impersonnelles pour le voyageur de passage, basculent dans la singularité, et il en est même, occupées à l'année, qui peuvent se rigidifier en des refuges plus immuables qu'un appartement ou une maison à soi.
Souvenirs lointains de ces hôtels pour routards — à New York, Los Angeles ou Orlando — dont le lobby voyait passer le soir des silhouettes fantômatiques en robe de chambre, ombres glissant de l'escalier au distributeur de canettes en vous ignorant, présences quasi-statiques que l'on retrouvait plus tard dans l'entrebaillement d'une porte en allant prendre possession très temporaire d'une chambre dans les étages, observateurs immobiles vous dévisageant alors longuement, marquant leur territoire de cette familiarité avec les lieux que vous n'aviez pas ni n'auriez jamais, votre regard entrant malgré vous par cette porte entrouverte dans une intimité à la fois volée et offerte.

lundi 24 janvier 2011

Chambres d'hôtel (46)

Boothbay (ME), juillet 2002

Je me souviens qu'il pleuvait des cordes et que la nuit était déjà tombée lorsqu'on avait enfin pu trouver ce motel pas encore plein. Allez savoir pourquoi, les fauteuils jumeaux de l'entrée m'avaient de suite fait penser à des pantoufles. Deux pantoufles culottées par les ans, dans lesquelles on se glisserait comme on pourrait s'installer dans la vieillesse, petit pincement fugace sans doute bien étranger aux enfants qui se réjouissaient d'être arrivées quelque part et surtout d'avoir une chambre rien que pour elles...

dimanche 23 janvier 2011

"Gens du 26" (Photos que l'on aurait pu prendre (16))

Lyon,
janvier 2011

L'appartement était au premier étage du 26 de la rue V. mais, pour tout le monde, c'était "le 26". Avant, après, voire pendant les cours, on y venait pour étirer le temps en faisant parfois semblant de vouloir refaire le monde. Faute encore de téléphones portables, on trouvait un mini-carnet et un crayon pendus à la sonnette de la porte d'entrée pour laisser un message lorsqu'il n'y avait personne (l'allée sur la rue était toujours ouverte, pas de digicode non plus).  Chacun avait — à des degrés divers — ses habitudes "au 26", passant juste ou s'y incrustant. 
C'était avec une sœur et une cousine que S. vivait là ses premières années d'étudiante mais, qu'on se l'avoue ou non, c'était surtout pour elle que l'on venait : S. dans son rocking-chair de récupération, jambe repliée serrée contre elle, S. aux pulls trop grands sur des chemises de grand-père, S. appliquée à rouler des cigarettes ultra-fines en plissant les yeux, S. au regard de myope n'aimant pas les lunettes... S. n'était pas libre mais on faisait avec et, entre amitié et confidences, on savait qu'il s'agissait d'autre chose.
On était bien d'être ensemble, autour de S., et on ne ressentait pas plus que cela le besoin d'en fixer le souvenir. C'était un temps sans photos et je n'ai pas une seule image des "gens du 26", du moins "au temps du 26". Je continue de voir quelques-uns d'entre eux et il m'est arrivé parfois de croiser plus ou moins par hasard la route de certains autres, mais S. a un jour changé d'amours et j'ai depuis perdu sa trace.