lundi 21 juillet 2014

Nuits sur le fil


Mexique, 1995

3 commentaires:

  1. Nuits sur le fil et photo au risque de la surexposition. Mais quelle composition et quel pouvoir de suggestion. Avec en prime, cette tête de chat noir stylisé qui guette dans l'ombre. On peut écrire une histoire à partir de ces quelques indices...

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  2. 30 ans plus tôt ils auraient parlé de Gaza, de la Syrie, de l’Irak, de l’Ukraine, de la politique de la France en Afrique, du rôle de la Russie sur l’échiquier de la guerre, des risques de contamination des conflits sur le sol français, de cette présidence exsangue, souffreteuse…Ils auraient interrogé la classe politique, et plus généralement le marasme, la calcification, l’incroyable vétusté des institutions, l’endormissement citoyen.
    Les conversations sur l’état des mœurs s’étaient toujours faites devant un café, le matin , entre amies. Là, on parlait des choses sérieuses, de celles dont on évite de débattre en groupe : les mecs, les enfants…

    Personne n’avait prononcé le mot de Gaza. Ce soir-là elle avait encore mesuré les ravages du vieillissement. Ils avaient lancé un sujet sur l’été et son corolaire: le cambriolage. Chacun y allait de son anecdote. On a tous une histoire de cambriolage et de bijoux mal cachés.
    Ceci entrainant cela, on aborda le sujet squatters, étrangers de préférence, où… comment s’en débarrasser ? Une interrogation qui, chez elle, s’appliquait chaque été à l’éradication des mites alimentaires ou textiles.
    Vint la question des parkings et places de parking. Chacun, chacune, alimentant le feu d’une conversation qui aurait pu s’éteindre. Beaucoup d’histoires de clés qui tombent ou glissent sous les sièges, de négociations de places avec des malappris. Les femmes exorcisèrent finalement leur peur du parking. Qui a envie, en rentrant le soir à une heure du matin, d’affronter un parking désert ?
    - Mais si elles avaient été agressées - pensa t’elle - le diraient –elles ? Elle mesura alors le poids des cendres dans les relations humaines.

    Dan l’éblouisssement de lumière qui signalait la sortie du parking, se détachait une silhouette en attente, appuyée sur le chambranle. Passé le temps d’accomodation au contre-jour, elle entrevit l’autre guetteur. Elle pensa : « Lâcher le sac ». Mais il n’y avait pas dans ce sac de quoi contenter qui que ce soit !
    Laquelle d’entre elles avait un jour raconté cette légende du rendez-vous avec la mort à Samarcande ?

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