vendredi 26 juillet 2013

1992

Au départ, en 1989, c'est un livre où il est question à un moment d'un appareil-photo, mais même si c'est le titre, ce n'est pas vraiment le sujet. Ensuite, en 1992, c'est un film qui s'appelle autrement et qui, même s'il en est une adaptation par l'auteur, est aussi autre chose. (Du moins c'est ce que je crois — d'après ce que j'en lis —, car je ne l'ai pas vu.) Peut-être La Sévillane de Jean-Philippe Toussaint offre-t-elle une nouvelle variation à son projet d'écriture "infinitésimaliste" dont le terme même, comme il le dit, "contient les deux infinis qu'on devrait toujours trouver dans les livres". Ou peut-être pas… Lorsque le film sort, la réalité de 1992 s'appelle Clinton, sommet de Rio, Bosnie, traité de Maastricht ou Colomb + 500. Celle du narrateur de L'Appareil-photo / La Sévillane peut sembler, dans son apparente insignifiance, à l'exact opposé, mais tout est question d'échelle : "Je sentais confusément que la réalité commençait peu à peu à donner quelques signes de lassitude, et je ne doutais plus maintenant que mes assauts répétés, dans leur tranquille ténacité, finiraient peu â peu par épuiser la réalité â laquelle je me heurtais, comme on peut épuiser une olive avec une fourchette si vous voulez, en appuyant très légèrement de temps à autre, et que, lorsque, exténuée, la réalité n'offrirait enfin plus de résistance, je savais que plus rien ne pourrait alors arrêter mon élan, l'élan furieux que je savais en moi depuis toujours, fort de tous les accomplissements. Mais, pour l'heure, j'avais tout mon temps : dans le combat entre toi et la réalité, sois décourageant."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire