mercredi 22 juin 2011

Photos que l'on aurait pu prendre (18)

San Gemignano, juillet 1980

La photo aurait-elle été prise que rien ou presque n'aurait été pareil. Si deux fragments de tours peuvent ressembler à leur photo, le dessin ne s'approprie du mouvement et du multiple que l'idée, la "prise de vue" s'étire dans le temps et la représentation s'échappe de l'observation. La main peu à peu lui invente une existence propre et pourtant la trace diluée, séquentielle, incrémentale qui en résulte ramène à l'illusion de l'instantanéité.

2 commentaires:

  1. Le dessin étant pour moi aussi familier que la musique symphonique... je te lis "objectivement".
    J'en déduis qu'entre le 1/1000 ème de seconde de Plossu et l'exécution d'un dessin, fut-il exécuté aussi rapidement que Cartier-Bresson, la différence est grande qui pourtant se réduit à presque rien lorsque "l'affaire" est terminée.

    Mais je n'ai peut-être pas vraiment compris...

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  2. Oui, il y a de ça. Cette histoire de temps (et de navigation entre l'instant et la durée) m'intéresse toujours, je l'ai déjà évoqué plusieurs fois, par exemple ici http://glob-o-blog.blogspot.com/2010/02/passerelles-17.html
    Dans le cas présent, je voulais juste souligner comment l'arrivée d'une technique peut matérialiser une rupture, la photo permettant une instantanéité et une simultanéité spatiale que le dessin de permettra jamais, celui-ci devant se les réapproprier par le détour de la durée et de la mémoire qui fait survivre l'observation. Ce qui me semble intéressant aussi (et c'était le propos du billet suivant), c'est que le regard peut en être changé en retour.

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