samedi 19 septembre 2009

Chambres d'hôtel (1)

Tampa, novembre 1983

Le Floridan est posé au milieu d'une zone peu hospitalière. Tout était désert lorsque j'y suis arrivé hier soir alors qu'il faisait déjà nuit, déposé par un taxi à qui j'avais demandé de me conduire à un hôtel bon marché du "centre-ville". Ma chambre est au 9ème étage et, si j'étais Olivier Rolin, je dirais — comme dans sa Suite à l'hôtel Crystal — qu'elle mesure approximativement 3 x 3 m, que la porte ouvre presque directement sur le lit situé à gauche de l'entrée, et qu'il faut se glisser entre celui-ci et la fenêtre à baïonnette pour atteindre une salle de bains aveugle et spartiate. Je dirais bien d'autres choses encore sur les détails de la chambre, de l'interrupteur en faïence à la moquette usée en passant par le couvre-lit côtelé mais en fait, si j'étais Olivier Rolin, je dirais plutôt que je suis au Floridan parce que c'est là qu'un certain Boris m'a fixé rendez-vous pour me donner enfin des nouvelles de Tatiana R., l'informatrice que je cherche vainement à retrouver depuis qu'elle a quitté l'organisation sans laisser d'adresse il y a bientôt un an. En attendant le coup de fil devant m'annoncer la présence de ce Boris que je ne connais pas dans le lobby de l'hôtel (mais pas avant midi s'il faut en croire la note griffonnée que m'aurait laissé le barman du Bluebird à Fort Worth), je tuerais le temps en fumant clope sur clope, laissant mon regard flotter et vagabonder entre la fenêtre ouvrant sur le ciel gris de novembre et la télé pourrie qui crachote en noir et blanc.

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