Douz, avril 1996
Il en va des cartes postales comme des cabines téléphoniques : naguère compagnons incontournables du voyage, elles sont aujourd'hui presque introuvables.
Souvenirs — d'avant le nomadisme et la mobilité ubiquitaires — de la petite monnaie à mettre de côté pour les machines à pièces, de la question faussement triviale de savoir sinon où trouver une carte téléphonique (bureau de tabac ? kiosque à journaux ? bureau de poste ?), des appels en PCV dans les cas extrêmes… Et souvenir aussi du plaisir de s'asseoir en terrasse pour écrire tranquillement quelques mots pesés au dos d'une image (volontairement choisie un peu kitsch) que l'on ne postera quelquefois que le jour du départ, faute d'avoir trouvé le timbre ou la boîte aux lettres plus tôt (par précaution, on rajoutait alors quelque chose comme : "Lorsque tu recevras cette carte, je serais sans doute déjà rentré" ou "En espérant que cette carte te parvienne avant mon retour").
Question message, un mél ou un billet sur un blog font désormais sans doute aussi bien (voire mieux si l'on s'en tient à l'efficacité), mais il y a peu de chances qu'ils finissent un jour fixés au frigo par un aimant !
Il en va des cartes postales comme des cabines téléphoniques : naguère compagnons incontournables du voyage, elles sont aujourd'hui presque introuvables.
Souvenirs — d'avant le nomadisme et la mobilité ubiquitaires — de la petite monnaie à mettre de côté pour les machines à pièces, de la question faussement triviale de savoir sinon où trouver une carte téléphonique (bureau de tabac ? kiosque à journaux ? bureau de poste ?), des appels en PCV dans les cas extrêmes… Et souvenir aussi du plaisir de s'asseoir en terrasse pour écrire tranquillement quelques mots pesés au dos d'une image (volontairement choisie un peu kitsch) que l'on ne postera quelquefois que le jour du départ, faute d'avoir trouvé le timbre ou la boîte aux lettres plus tôt (par précaution, on rajoutait alors quelque chose comme : "Lorsque tu recevras cette carte, je serais sans doute déjà rentré" ou "En espérant que cette carte te parvienne avant mon retour").
Question message, un mél ou un billet sur un blog font désormais sans doute aussi bien (voire mieux si l'on s'en tient à l'efficacité), mais il y a peu de chances qu'ils finissent un jour fixés au frigo par un aimant !
On peut commenter ces deux photos. Une photographie instant à Douz et un instant de mémoire à Venise.
RépondreSupprimerJe ne me hasarde pas à en dire quelque chose de photographique tant le propos de la carte postale et celui de la nostalgie qui rôde dans les parages est important.
Sachant combien S. Daney estimait la carte postale et combien il aimait en envoyer tous azimuts à ses amis, j'ai cherché quelques lignes qui racontent ça plus exactement et bien mieux que je ne pourrais le faire :
"India-Harare : l'itinéraire d'un ciné-marcheur écrivain de cartes postales
Après 1968, c'est d'autres voyages qu'il va être question. Serge Daney part pour de longs périples dans le "Tiers monde", en Inde, au Maroc, en Afrique… concrétisant ainsi un lien profond, avec les premières images qui, tout jeune enfant, l'avaient marqué – avant même les images cinématographiques: "Je crois que la première image qui a compté pour moi, l’image presque définitive, c’est pas une image de cinéma: c’est l’atlas de géographie". (…) "Après les évènements [de mai-juin 1968] que j'avais vécu très au premier degré, je suis parti en Inde, inaugurer les grands voyages tiers-mondistes. J'ai eu, coup sur coup, le choc de la maladie – je suis revenu tuberculeux et très gravement atteint – et le choc du tiers monde que je n'avais jamais vu de ma vie. Là, j'ai quand même eu le sentiment d'avoir été un peu déniaisé. Mais, très tard. Il y a eu le sana et tout ça mais j'ai guéri… J'ai voyagé; j'ai presque passé un an en Afrique sur les routes. J'avais vraiment déconnecté – sans aucun plan, hein… C'était vraiment Rimbaud : je suis allé à Harare… J'ai fait "la totale". Je ne prenais pas de photos, j'envoyais des cartes postales. C'est d'ailleurs quelque chose que j'aurais du dire, depuis le début [de cet entretien]: pour moi, l'image absolue c'est la carte postale, c'est pas le cinéma. La carte postale c'est mon vrai rapport à l'image. Pour des raisons encore plus profondes, encore plus enfouies que le cinéma. Le cinéma, déjà, je trouvais que c'était très basique, très populaire… La carte postale c'est encore plus bas". Au cours de ces périples, Daney marche. Beaucoup. Et réfléchit sur sa condition de marcheur : "C'est quelqu'un qui ne compte que sur lui-même. Il n'a que son corps. Tant qu'on ne touche pas à son corps, il va où il veut. Il n'a pas à se plaindre, parce que c'est une jouissance absolue, d'aller où on veut" [Serge Daneyet Serge Toubiana : "Persévérance – Entretiens"- P.O.L., 1994]. Ou "Par moments, j'ai préféré marcher c'est-à-dire parler avec mes jambes, plutôt que de parler, c'est-à-dire marcher avec ma bouche – mais c'est au fond la même chose"
http://www.lamediatheque.be/dec/portraits/serge_daney/index.php?reset=1&secured=
Voilà. Personnellement je continue d'envoyer des cartes postales de là où je vais et me tiens éloigné, en voyage, des cyber-trucs de rencontre.
Merci Alain, pour ce bel extrait.
RépondreSupprimerLes cartes postales ont une autre fonction pour qui les collectionne.Je parle des cartes postales anciennes, celles qui ont voyagé, qui portent un timbre, un tampon (de la poste, faisant foi...), une adresse et surtout une correspondance.Ces cartes postales ont voyagé dans l'espace , mais aussi dans le temps qui les a porté jusqu'à nos mains, nous offrant ainsi, outre, un témoignage sur le temps qu'il faisait le 3 juillet 1961 au Havre, un véritable morceau palpable du passé.
RépondreSupprimerCe que dit Franz me parle. Il m'arrive de m'envoyer des cartes postales à moi-même pour ces raisons. Je fais cela à l'occasion de visites d'exposition à l'étranger, pour en garder un souvenir; je choisis une reproduction d'une oeuvre que j'ai aimée, et je me l'envoie à domicile, avec juste l'adresse... Ça m'amuse de recevoir la carte généralement un peu après mon retour, empreinte des marques de son voyage, à trajectoire différente du mien. On s'amuse comme on peut !
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