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lundi 24 janvier 2011

Chambres d'hôtel (46)

Boothbay (ME), juillet 2002

Je me souviens qu'il pleuvait des cordes et que la nuit était déjà tombée lorsqu'on avait enfin pu trouver ce motel pas encore plein. Allez savoir pourquoi, les fauteuils jumeaux de l'entrée m'avaient de suite fait penser à des pantoufles. Deux pantoufles culottées par les ans, dans lesquelles on se glisserait comme on pourrait s'installer dans la vieillesse, petit pincement fugace sans doute bien étranger aux enfants qui se réjouissaient d'être arrivées quelque part et surtout d'avoir une chambre rien que pour elles...

mercredi 25 novembre 2009

Paysages intermédiaires (9)

Maine, été 2002

"Il y a cette magie des noms de lieu qui agit comme l'éther sur la cervelle des gosses (j'en étais) vautrés sur des atlas les longs dimanches de pluie. On lit : Tucuman, Surabaya, Flores — on se dit "un jour j'irai là-bas" — on dessine avec l'ongle du pouce le cours du Yukan sur le beurre de sa tartine. Souvent cette toponymie prestigieuse est mensongère et vous conduit dans un de ces "culs du monde" qui n'offrent que tôle ondulée, chiens efflanqués, putes édentées et modiques arnaques à la mesure du lieu. Il suffit alors d'avaler plusieurs fois sa salive, sa déception… et de poursuivre, parce que souvent aussi, à moins d'une heure de cariole ou à bon pas une bourgade qui a négligé de mettre son nom sur la carte — ou alors un nom que l'œil saute — vous attendait, vous, précisément vous : Belle au bois dormant, et c'est le paradis, fardé de fine poussière et de fraîcheur. Et c'est une mosquée vert pistache plus légère que son ombre, des gamins tondus stridents qui fouettent leur toupie, des perdrix dans des cages d'osier frais coupé, une petite place et le tremblement éperdu des peupliers blancs d'Asie, et personne, bien sûr, ne vous a dit "tout est là".
En route, le mieux c'est de se perdre. Lorsqu'on s'égare, les projets font place aux surprises et c'est alors, mais alors seulement que le voyage commence." (Atlas, Nicolas Bouvier)