samedi 19 octobre 2013

Amériques (59)

Un jour, il y a déjà longtemps de cela — c'était au tout début des années 2000 —, je suis arrivé par hasard à Celebration, Floride. L'impression était d'autant plus forte que je n'avais aucune idée de l'existence de cette ville privée, créée de toute pièce par Disney à deux pas de ses parcs d'attraction d'Orlando. Celebration ? Des maisons de décor archétypiques d'une Amérique WASP et middle-class, des gazons impeccables, des rues et des trottoirs sans le moindre papier, sans le moindre mégot, l'impression d'entrer dans le Truman Show. Et partout le silence, pas celui, apaisant, d'une retraite loin du monde mais celui, plus inquiétant, que l'on sent confusément sourdre du souci de ne pas troubler d'un souffle la tranquillité de ses voisins. Seul îlot de vie en ce dimanche matin (où était l'église ?), un petit marché d'artisanat, visiblement vitrine des loisirs créatifs de la communauté. Aquarelles, bijoux, odeur de cannelle, café en fontaine, sourires irréels sous un soleil que l'on croirait ici lui aussi d'artifice. Une idée de ville à la sécurité programmée (co-optation, circulation piétonne, trottinettes en libre-service, caméras, bracelets GPS pour les enfants, pas de "vrais" commerces). Une idée du bonheur ?

mardi 15 octobre 2013

Cinéma, Cinémas (38)


Festival Lumière,
Lyon, 14 octobre 2013

Hier et aujourd'hui

Festival Lumière,
Lyon, 14 octobre 2013

dimanche 13 octobre 2013

La vie des livres (21)

pour Sylvie "Cabias" M.

Lyon, 13 octobre 2013

Il y a, dans les bibliothèques en désordre, quelque chose d'une marée qui fait s'échouer sur le rivage de leurs rayonnages des livres au voisinage fortuit (a-t-on jamais vu un ressac déposer avec méthode et classer ce qu'il charrie ?). Il existe bien sûr des bibliothèques bien rangées, le plus souvent par ordre alphabétique ou thématique (parfois même par ordre exclusif de taille, comme celle de Samuel Pepys à Cambridge !), mais c'est en général affaire de professionnels ou de bibliomanes. À la maison, on ne va pas tout ré-organiser à chaque fois qu'un nouveau livre arrive, on va au plus simple et la place qu'il trouve est avant tout question de possibilité, tantôt jouant des épaules pour se glisser entre deux volumes prenant un peu trop leurs aises, tantôt s'allongeant — à tutoyer l'étagère supérieure — sur une fratrie de petits formats, ou encore se garant en double file dans l'attente d'un meilleur emplacement qui ne viendra peut-être pas avant longtemps. Et gare à ne pas trop troubler cet ordre qui n'en est pas un, mais dont la mémoire, même si elle est diffuse et parfois tâtonnante, nous fait retrouver un volume avec une assurance dont on arrive soi-même à s'étonner ! Et balayer du regard les tranches ainsi offertes nous fait suivre une trajectoire en zig-zag dont les livres sont des points d'ancrage, une promenade aléatoire faite de ricochets temporels entre les "où" et les "quand" de l'arrivée de chacun ou presque. Si dans les livres, on explore des chemins qui nous sont étrangers, c'est aussi dans notre vie que l'on voyage dans nos bibliothèques.