lundi 5 novembre 2012

La vie des livres (17)


Parce qu'on en a lu et aimé d'autres du même auteur ou parce qu'on nous les a particulièrement recommandés, il y a des livres dans lesquels on s'invite en confiance, se sentant en territoire connu. Il y en a d'autres par contre où l'on entre sur la pointe des pieds, ne sachant pas vraiment à quoi s'attendre ou hésitant à s'en remettre à ce qu'on a pu en lire ou en entendre.  Ce livre-ci — louera-t-on jamais assez les bibliothèques publiques, et la possibilité presque sans limite qu'elles offrent de chercher et de trouver autant que de s'en remettre à des hasards de rayonnage et de voisinage ? —, on ne savait pas qu'il existait mais on l'a pris pour trois raisons : son titre aux accents de voyage, son auteur dont on se souvient d'avoir entendu il y a quelque temps des chroniques radiophoniques plutôt fines, mais son auteur encore et aussi pour le reproche qui lui avait été fait naguère d'appréciations partielles et partiales sur diverses formes de littérature qui n'avaient pas l'heur de lui plaire. Excellente occasion d'aller y voir de plus près. Alors d'abord l'heureuse surprise d'une écriture alerte et fluide, de notations dans lesquelles on se plaît à se retrouver. Et puis ensuite l'intérêt curieux pour des annotations au crayon (un point d'interrogation page 254 : les accents de la phrase en espagnol seraient-ils fautifs ? un point d'exclamation page 255 : en serait-il de même de la description géographique qui nous est donnée ?), passages soulignés et marqués dans la marge comme on le ferait pour la correction d'une copie. Peut-être est-ce de la main de Claudette N., précédente emprunteuse dont le reçu, nominatif, est resté glissé sous la couverture de plastique ? (Peut-être est-elle professeur ?) Mais si on ne parle soi-même pas espagnol ni ne connaît la ville dont il est question, on tique à la page 277 sur l'interprétation proposée de ce qu'est un "bruit blanc", renforçant rétrospectivement le poids des notes marginales et distillant un doute sur le reste dont on ne sait rien… Et si tout était à l'avenant ? Bien sûr, littérature n'est pas science exacte, il n'empêche...

3 commentaires:

  1. Imagine : un auteur grincheux qui décrit faussement de vrais paysages et un traducteur taquin qui transforme le sens profond du texte...Qu'avaons-nous lu ?
    ;)
    Sylvie

    RépondreSupprimer
  2. Taratata... l'un modifie les lieux, l'autre le sens : on additionne des fleurs mais pas des marguerites avec des chardons ;)

    RépondreSupprimer