mardi 2 novembre 2010

Chambres d'hôtel (44)

Hambourg, septembre 1986

"Le dimanche de cette semaine-là, il se promena parmi les étals du marché aux poissons, unique endroit à Hambourg qui sentait Gênes."

"La Pension des Nonnes" venait de paraître. De passage à Hambourg, il ne me fut pas trop difficile de trouver l'Hotel-Pension am Nonnenstieg dont j'espérais qu'il fût cette Pension des Nonnes, et surtout tel que dans le court roman de Pierre Veilletet. Le pavillon était bien de style rococco, mais nulle trace de patronnes jumelles ni de "vitraux filtrant une lumière verdâtre dans le vestibule" : à dire vrai, l'ensemble offrait, à son air propret, un je-ne-sais-quoi d'inachèvement et d'insatisfaction, et la chambre au rez-de-chaussée était à l'unisson, trop nette en fait pour ressembler au refuge où Domenico Pellegrini s'enfouissait en se détachant de Laura Narvi.

"Quiconque pénètre pour la première fois dans une chambre, sait d'instinct s'il doit la fuir, s'il y trouvera le repos, la détention, l'oubli ou la mort. Domenico posa ses bagages. C'était ici." La phrase était juste sans doute, mais la Pension des Nonnes n'était peut-être pas celle-là, et je n'étais pas Domenico.

3 commentaires:

  1. Peu habituel, j'apprécie ce "split" dans le propos. D'ailleurs même un "split and merge" !
    D'un côté l'évocation du port/marché aux poissons du roman (ne connaissant pas le livre, j'avance à l'aveuglette) associée, complètement, à une photo (significative) d'un endroit de la ville.
    De l'autre, la recherche de l'hôtel dont il est question (on se souvient, et moi peut-être encore plus que certains autres, de ta filature des pas de Sophie Calle dans Venise) et bien sûr la (relative) déception de ne pas y trouver l'image qu'on s'en était fait.
    And "merge"... la photo... Hambourg... le marché aux poissons... le roman... l'hôtel... "chambres d'hôtel (44)"... et pour finir, le "réveil".
    Mais ce n'est que ma lecture de l'ensemble...

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  2. Merci Alain, je suis sensible à ta lecture "split and merge" qui va tout à fait dans le sens de mon intention. Et si tu peux mettre la main sur le livre... enjoy !

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  3. Je n'ai malheureusement pas la sagacité de lecture dont Alain est coutumier ;), mais je remarque comme les dessins publicitaires naïfs créent une atmosphère étrange, entre le sourire bienveillant et la tristesse du dérisoire. Une ambiguïté sensible.
    notebook

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