vendredi 19 mars 2010

Les preuves du hasard (4)


Juillet 2004, j'organise avec d'autres une "Ecole d'Eté" à l'Institut d'Etudes Scientifiques de Cargèse, un de ces endroits magiques où, à côté des séances de travail de la journée, l'ambiance vacancière incite à venir en famille. Si quelques participants sont logés à l'Institut, beaucoup se répartissent dans les hôtels du village et à d'autres sont attribuées des chambres chez l'habitant. C'est ainsi que nous échoit la "Maison Arrighi" où nous passerons deux semaines parfaites, moi quittant au matin la maisonnée endormie pour descendre à pied à l'Institut et la retrouvant à la fraîche pour des soirées tranquilles sur la terrasse. Deux semaines pendant lesquelles nous ne rencontrerons jamais la propriétaire, nous contentant de parfois deviner sa présence possible dans la maison adjacente.
Cette rencontre aura cependant lieu mais quatre ans plus tard, précisément un certain dimanche 12 octobre 2008, dans le "hublot" du journal Libération. Entre-temps, j'aurais réalisé que la Marie-Dominique Arrighi à laquelle je faisais depuis le printemps de la même année des envois pour le blog Vosphotos n'était autre que cette propriétaire que nous aurions pu croiser en Corse à l'été 2004…
Bien des choses ont changé depuis, je suis retourné à Cargèse où j'ai logé seul à l'Institut, MDA a dû lâcher le blog Vosphotos (dont je me suis peu à peu détaché) pour en ouvrir un autre dont la dernière page vient d'être tournée, et je sais aujourd'hui à quel point la rencontre de nos trajectoires (doublée de cette pointe d'ironie d'un hasard qu'il me plaît de considérer comme prémonitoire) aura changé quelque chose dans ma vie.
Des neuf siennes, je n'aurais qu'effleuré une petite tranche d'espace-temps, mais suffisamment pour tant apprendre de son regard pointu et de sa curiosité critique, de son intransigeance et de l'affirmation de ses choix, et aussi de sa force incroyable et de son appétit de vivre.

Voilà, le décalage horaire fait durer ici ce triste vendredi 19 mars 2010 mais la vie continue. Demain sans doute de nouvelles photos : qu'en aurait-dit Marie-Do ?

5 commentaires:

  1. À te lire, tout simplement l'émotion...

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  2. C'est une belle rencontre en décalage, pour ce faire le catalyseur (la photo) à fait le reste.
    Merci de nous avoir présenté ici ce croquis, lieu de repos de MDA.
    Bel hommage

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  3. Très beau billet, Patrick, que tu consacres aujourd'hui à Marie-Do.

    J'y perçois dans les derniers mots encore un peu de l'émotion que j'avais deviné chez toi ce matin lorsque tu m'as appris cette triste nouvelle de vive voix, étant également de ceux pour lesquels ce vendredi particulier dure un peu plus longtemps.

    Je ne connaissais pas cette (non-)rencontre d'avant l'heure. Étranges ces trajectoires de vie qui se coupent, et parfois se recoupent. Les nôtres continuent...

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  4. Merci Patrick de nous faire partager ton émotion. Nous avons eu beaucoup de chance d'avoir rencontré Marie-Do, d'une façon ou d'une autre...

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  5. Touchant billet et croquis, Patrick, avec cette retenue qui te caractérise.
    Ayant croisé Marie-Dominique une fois, je n'ai oublié aucun de ses mots, aucun de ses regards: un charisme que je ne suis pas prête d'oublier.

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