vendredi 19 juillet 2013
1984
Vers la fin des années 70, le fils de Marguerite Duras trouve dans le grenier familial tout un lot de photos de sa mère, prises du temps de sa jeunesse. Il en parle avec elle et, avec son accord, propose à un éditeur d'en faire un livre. Celui-ci dit que ce qui serait formidable, ce serait que Marguerite écrive un texte pour ce livre. Elle s'y attelle et pond une centaine de pages, mais en partant d'une "photo manquante" ainsi décrite : "Sur le bac, à coté du car, il y a une grande limousine noire avec un chauffeur en livrée de coton blanc.", image imaginaire qu'elle rajoute à celles bien réelles du grenier. L'éditeur se désintéresse finalement du projet et Jérôme Lindon, qui a eu connaissance du texte, décide de le publier, mais sans les photos. Ce sera L'Amant, avec cette trajectoire étonnante qui fait partir de vraies photos pour les faire ensuite disparaître, ne laissant que le fantôme d'une image qui n'a jamais existé mais qui a servi de déclencheur… L'Amant est publié en 1984 et, à côté du Goncourt inattendu qu'il est devenu, me reste de cette année-là le souvenir d'autres images au parfum de fantômes, celles des trous perdus et abandonnés qui jalonnent Paris, Texas et que Wenders aura explorés, arpentés, photographiés — ce qui deviendra Written in the West — avant de les filmer, comme celle de la présence lumineuse et fragile de Pascale Ogier dans Les Nuits de la Pleine Lune… Ce n'est que bien plus tard que je découvrirai L'image Fantôme d'Hervé Guibert, publié en 1981 aux Éditions de Minuit (décidément…).
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Je ne connaissais pas - ou j'avais oublié - cette histoire de la photo manquante qui déclenche le livre de MD . C'est intéressant de penser la photographie sous cet angle . La véritable histoire est toujours en creux, au-delà de la photo. Et quand on fait une tentative d'archiver les photos des boites à chaussures, c'est toujours la photo manquante qui fait désespérer de l'entreprise. A quoi bon...
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