L'heure était aux cols roulés, pulls ou sous-pulls confondus. On se faisait beau comme pour plaire à Barbara ("Elle aima son smoking vert, son col roulé blanc"), même si des fois le mauvais goût de l'acrylique, de l'orange et de la coupe moulante, immortalisé sur des photos dont les couleurs peu à peu s'estompent mais ne se résignent pas tout à fait à disparaître, laisse aujourd'hui rêveur. On portait aussi le gros pull de laine à col roulé qui, jointé à une barbe et des cheveux en bataille, était supposé — bouffarde parfois en prime, Brassens en filigrane (Brassens qui nous semblait installé depuis toujours dans une soixantaine qu'il n'atteindrait pourtant qu'à sa mort, presque dix ans plus tard) — asseoir à certains d'entre nous l'autorité sérieuse de théatreux ou de musicos de 18 ans. Nos copines elles-même, parfois pantalons évasés, parfois bottes et mini-jupes de laine sur collants multicolores, enfouissaient sous de larges cols roulés l'élan que l'on devinait délicat de leurs cous graciles. Nous pensions être en marge du pompidolisme télévisuel, mais l'évocation de cols roulés nous ramène à des images de Joe Dassin, Mike Brant ou Jacques Martin. La France de 1973, de la "petite fille" de C. Jérôme et de la lessive Supercroix, était sans doute singulièrement étroite.
[En marge des 40 ans de Libé et de ses évocations chaque jour d'une année depuis 1973, le premier d'une série de billets pas forcément systématique…]
vendredi 12 juillet 2013
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"pantalons évasés"... dits "pattes d'eph"...?
RépondreSupprimerOui, mais le col roulé de Steve Mac Queen dans Bullit, lui reste indémodable.
RépondreSupprimerBon d'accord il faut l'imper qui va avec…
Libé date de 73?.... Mémoire incertaine. Mais oui. Les pulls oranges de Dorothée Bis...les débuts de Sonia Rykiel , très maille... jupes longues et bonnets sur les oreilles. Les sahariennes blanches façon Jane Fonda en visite au Vietnam... Les sabots suédois blancs ou beiges, les sacoches en cuir noir de la Compagnie d'Orient et de la Chine...Avec les tours de cou style boulons et les colliers d'ambre... Les lapsang souchong..Philippe Garrel et sa Cicatrice Intérieure (j'avais la même tunique de voile bleu pâle que son héroïne!) ou son Athanor... Il avait déjà sa rétrospective à la Cinémathèque de Chaillot...Nous y étions allées en bande en revenant de Normandie après un week-end pluvieux, en sabots crottés, avec des oeufs frais et du Pont l'Evêque entourés dans du papier de journal et dans un filet à provision. Comme nous étions un peu tard nous avions eu le privilège de nous allonger pratiquement sous l'écran... Ca se négociait avec la dame russe qui tenait la caisse . J'entends encore sa voix... J'avais travaillé quelques mois à la Vie Ouvrière avant de m'en faire virer, après un article sur les grèves lycéennes . En l'absence d'un rédacteur en chef en voyage en Allemagne de l'Est, on m'avait mise sous le contrôle direct de Krasucki . En plein Congrès de la CGT , j'avais dû monter à la tribune pour lui faire relire mon dernier papier...La Maison de Marie-Claire m'avait ensuite engagée sur un article sur "Les Salles de bains d'anticipation"... Les copains Grapus, illustres graphistes, étaient toujours de bonne humeur... Je croyais tout ce qu'ils disaient même qu'il "fallait prendre le fric là où il était"... Quand MMC m'a demandé mon tarif pour le travail accompli, j'ai demandé une somme astronomique. J'avais l'air très jeune pour mon âge... Ils n'en sont pas revenus. Ils ont payé sans discuter. Des années plus tard l'un des Grapus me disait "Oui, mais ça, on ne l'a jamais fait!"
RépondreSupprimerDisque dur sursaturé...C'est un peu long quand même...