Si peu de choses ont changé dans le salon depuis si longtemps que les fauteuils au velours élimé semblent encore attendre qu’une séance reprenne, incrédules à cette idée que le piano se serait tu la dernière fois pour de bon et que les violons et le violoncelle, aujourd’hui volatilisés, ne sortiraient plus jamais de leurs étuis qui dorment en vrac dans les placards. Ce salon où personne ne s’est plus installé depuis bien des années semble maintenant se complaire dans sa pénombre, comme figé sous les regards des portraits de famille hiératiques l’observant depuis les cadres de leurs tableaux. Et, de la même façon qu’il suffit d’ouvrir la porte-fenêtre donnant sur le jardin, d’en pousser les volets et d’écarter les branches des arbres qui aujourd’hui s’y appuient pour conjurer l’obscurité, la poussière qui s’éclaire dans la lumière soudain projetée ranime dans sa vibration quelque chose qui pourrait ressembler à une mémoire pas encore éteinte de coups d’archet et d’accords — musique fantôme, écho lointain et diffus de ce que je ne peux qu’imaginer.
mercredi 17 novembre 2010
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