Paris, juillet 2008
(rassemblement devant le Conseil d'Etat contre la demande d'expulsion de Marina Petrella)
(rassemblement devant le Conseil d'Etat contre la demande d'expulsion de Marina Petrella)
Il y a deux sortes de noir et blanc, celui offert et rendu tel par la photo couleur qui en atteste, et celui qui résulte de la transformation par la prise de vue d'une réalité a priori colorée. Dans "L'état des choses" de Wim Wenders, film dont la trame est précisément la difficulté à laquelle un réalisateur se heurte, auprès de son producteur, de pouvoir tourner son film en noir et blanc, Samuel Fuller a cette phrase : "La vie est en couleurs, mais le noir et blanc est plus réaliste". On pourrait ajouter que, si la vie n'est que rarement noire ou blanche, on tend, lorsqu'elle l'est à l'état naturel, à attacher une valeur particulière à cet "état des choses", souvent de symbole et d'idéalisation.
On peut dire ainsi qu'il y a deux grandes acceptions du noir et blanc. Dans l'une, gommer la couleur nous force à voir différemment la réalité, par une forme d'égalisation, et donc à la voir "plus" en ce sens. Dans l'autre (le noir et blanc de la vie), c'est sa singularité même qui le distingue, renforçant son exception du fait qu'il est invariant de l'une ou l'autre des situations (voir ainsi la façon étonnante dont la deuxième chaîne de télévision a mis en scène son passage en temps réel du noir et blanc à la couleur en 1967 (archive vidéo ici), en s'amusant du fait que les officiels présents avaient pris soin de s'habiller de cravates et costumes noirs sur chemises blanches...).
On peut dire ainsi qu'il y a deux grandes acceptions du noir et blanc. Dans l'une, gommer la couleur nous force à voir différemment la réalité, par une forme d'égalisation, et donc à la voir "plus" en ce sens. Dans l'autre (le noir et blanc de la vie), c'est sa singularité même qui le distingue, renforçant son exception du fait qu'il est invariant de l'une ou l'autre des situations (voir ainsi la façon étonnante dont la deuxième chaîne de télévision a mis en scène son passage en temps réel du noir et blanc à la couleur en 1967 (archive vidéo ici), en s'amusant du fait que les officiels présents avaient pris soin de s'habiller de cravates et costumes noirs sur chemises blanches...).
Si je perçois bien, et clairement, l'une (voir la réalité sans divertissement et la proposer "objectivement"), je ne perçois pas bien l'autre en tant que choix - mais peut-être qu'il s'agit d'un constat et pas d'une intention de pratique - puisque c'est noir et blanc et que l'on n'y peut rien.
RépondreSupprimerLa phrase de Samuel Fuller me convient parfaitement (d'ailleurs ses propres films ne sont pas au hasard en couleur(s) ou en noir et blanc) à condition que le côté réaliste ne nous embarque pas trop du côté de chez Berthe Sylva !
Aussi, dans ta proposition, quelle place donnes-tu à la photographie par rapport au texte ? Est-elle là pour "illustrer" le propos ou au contraitre est-elle le point de départ du propos qui suit ?
C'est d'ailleurs une question que je pourrais étendre à d'autres billets de ton blog. À bientôt.
@ Alain
RépondreSupprimerPour ce billet (comme pour d'autres en effet), c'est le texte qui est premier et la photo associée est essentiellement "illustrative". En fait, le propos de la série de notes "n&b" n'est pas que photographique, même si la photo en est une déclinaison évidente. Le côté rarement naturel du (vrai) noir et du (vrai) blanc m'intéresse dans la mesure où sa rareté en fait un objet à la fois d'idéalisation et d'appropriation culturelle. J'essaierai de revenir sur ces histoires d'ordre social et de codes associés liés au n&b. Avec des images directes ou indirectes...