Certosa di Pontignano,
Sienne (Italie), juillet 2007
S'il faut en croire ce qui est écrit ici, la Certosa di Pontignano est aujourd'hui fermée. Fardeau financier pour l'Université de Sienne à laquelle elle appartient (mais lui appartient-elle encore ?), elle ré-ouvrira peut-être un jour, mais ce sera vraisemblablement sous la forme d'un hôtel de luxe, et les rencontres et les Écoles d'Été qui ont pu s'y tenir ne seront plus qu'un souvenir, une parenthèse entre les siècles d'un destin monacal et une reconversion à son exact opposé. Des quelques fois où j'y ai séjourné, j'ai le souvenir de chambres sobres et modernes, déjà loin du confort qu'on imagine spartiate des cellules dans lesquelles elles s'étaient installées. Et le cadre avait ce mélange de magnificence et de contingence où l'on était pleinement bien, quand bien même il pouvait faire regretter à un américain, pragmatique et peu sentimental, que la salle de conférence aux plafonds peints où l'on discutait sous le regard d'angelots flottant dans un ciel baroque ne soit pas équipée de climatisation. On prenait les repas dans le déambulatoire du grand cloître, parfois sur la terrasse d'où l'on apercevait au soir les tours de Sienne se découper sur l'horizon. Aux heures creuses de l'après-midi, lorsque la chaleur sèche qui rendait aveuglante la blancheur des routes avoisinantes faisait rechercher la fraîcheur, on pouvait se réfugier dans des recoins le plus souvent déserts, des salons à l'usage déjà délaissé dont les meubles ensommeillés étaient recouverts de draps épais, attendant on ne sait quoi. Il y avait là quelque chose d'un temps suspendu et le sentiment d'un équilibre instable, la conscience instantanée de l'instant présent, la perception aiguë de la chance qu'on avait de le vivre et tout à la fois le pincement de ne pouvoir le partager et de le sentir déjà filer.
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