dimanche 28 juillet 2013
1994
Olivier Rolin reçoit le Prix Fémina pour Port-Soudan. Le romancier jusqu'ici plutôt confidentiel devient un personnage public dont on (re-)découvre la trajectoire chahutée et, disons-le, terriblement romanesque — voire romantique —, l'auteur et l'œuvre se mêlant sans vraies frontières, à l'image de l'ex-clandestin et du bourlingueur que l'on a connu prolixe en ses portraits de villes distillés dans des revues (City) et de petits opuscules à l'édition soignée (Sept Villes chez Rivages, En Russie ou La Havane chez Quai Voltaire). Pour qui a découvert ce Rolin-là au fil du temps et de ces récits pour (et avec) lesquels on rêvait de partir sur le champ à Trieste, Prague, Valparaiso ou Alexandrie, on ne peut s'empêcher de ressentir une pointe d'agacement à l'espèce de consensualité entendue que donne au Rolin de Port-Soudan, comme par un coup de baguette magique, sa médiatisation toute neuve. Un peu comme il y aura eu, pour Wim Wenders, un avant et un après au tournant de la Palme d'Or de Paris Texas, nonobstant Faux Mouvement, Alice dans les Villes ou Au Fil du Temps. C'est un peu le "paradoxe du Guide du Routard", une ruée inéluctable vers des endroits vantés pour être en-dehors des sentiers battus, avec à la clé une transition de phase abrupte entre confidentialité et promiscuité qui peut faire s'en détourner… ou n'y aller que "hors saison" en attendant d'y retourner l'effet de mode passé.
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Parfait Patrick !
RépondreSupprimerWell...Le souvenir que me laisse Port-Soudan c'est celui d'une écriture d'urgence, fiévreuse, enragée. Patrick est ce parce que le Femina t'évoque une "littérature de femme" que tu sors toutes tes défenses contre ce livre qui m'a fait l'effet d'un chef d'oeuvre. J'ignorais quand je l'ai lu qu'il avait eu un prix comme j'ignorais qu'Echenoz que je viens de découvrir avec ravissement avait eu le Goncourt. Marguerite a attendu l'Amant pour être connue du public et son public a décrié l'Amant quand elle a eu son prix. Subitement elle devenait commerciale.
RépondreSupprimerNous ne sommes pas partageux avec les gens que nous découvrons avant tout le monde ... Et nous allons jusqu'à critiquer la façon dont les autres ont accès à leurs oeuvres.
Je me souviens d'une prise de bec chez des amis à propos de l'Invitation de Claude Simon. Il y avait là une spécialiste, éminente universitaire qui disait que ce n'était pas du Claude Simon, quand moi je trouvais ce bouquin génial... Et le considérait comme une entrée intéressante dans son oeuvre. Ca c'est très mal terminé. Je me suis retrouvée à l'hôtel...
Je préfère Faux Mouvement et Alice à Paris Texas, mais si d'autres découvrent Wenders par Paris-Texas pourquoi pas!... Et puisque tu parles mode... Le film qu'il a fait sur Yamamoto m'a beaucoup émue...
En visitant ton blog je m'étais dit que j'allais acheter Libé tous les jours, mais à part les critiques de Philippe Lançon, dans Libé Livres du jeudi je ne vois rien à y lire et tes propos raniment plus de souvenirs enkystés que les sélections anonymes de Libé...
Bon je ne savais pas quoi lire -je sais je n'ai pas lu Proust!... - je vais donc grimper sur mon escabeau à la recherche de Port-Soudan histoire d'éprouver la résistance de mes coups de foudre!