Lyon, 5 mars 2013
L'impasse Saint-Polycarpe est si étroite et l'idée d'y trouver un cinéma était si saugrenue que le programme était placardé à l'angle de la rue Saint-Polycarpe, à cinquante mètres au moins de la salle.
Le Cinéma — au nom si simple qu'aucun autre cinéma n'avait semble-t-il songé à le prendre — entrait dans cette catégorie que l'on appelait "Art et essai". Films d'auteur, des fois déconcertants (je me souviens d'en avoir découragé certains du cinéma allemand après les avoir entraînés voir "La mort de Maria Malibran" de Werner Schrœter — ce devait être vers 1975), rétrospectives (faire découvrir "Pierrot le Fou" à L. et M.), programmations parfois militantes.
Les portes du Cinéma sont aujourd'hui closes, mais la salle quasi-cubique — à l'écran si haut placé que, même assis tout au fond (soit en gros à la sixième rangée), on avait l'impression, regard levé à s'en tordre le cou, d'être au premier rang — existe peut-être toujours à l'identique, ses sièges de bois à rabat couverts de la même poussière que celle qui obscurcit les vitres de l'entrée donnant sur la cour, à travers lesquelles on aperçoit en s'approchant ce qui reste d'un endroit qui semble s'être endormi sans avoir encore vraiment disparu.
Voir aussi ici.
Erratum (18 mars 2013) — Plus d'affiche sur la rue pour annoncer le programme, plus d'enseigne, une porte désespérément fermée les quelques fois où je m'aventurais encore dans l'impasse où il se terrait… je pensais que Le Cinéma avait fini par tirer sa révérence mais, non, il projette encore ! Mea culpa pour ce billet au pessimisme mal venu, on peut être étranger dans sa propre ville…
Ce cinéma-là, rien que son nom d'abord, qui englobe tout, me touche particulièrement... Et qu'on y ait projeté "La Mort de Maria Malibran" avec la, l'inoubliable Magdalena Montezuma, ne fait que rajouter entre nostalgie et désespérance du cinéma (j'avoue cependant, qu'à la première vision, nous avions été sans aucun doute "déconcertés" par ce film que nous avions vu au cinéma Olympic - mais sur rien, une musique, une photo, un ragot, on y allait, sûrs que nous ne perdrions pas notre temps)...
RépondreSupprimer