Parmi les tout premiers livres qui m'ont donné envie de faire (vraiment) des photos, il y a eu, au début des années 80, la série des petits volumes "Écrit sur l'image" aux Éditions de l'Étoile, avec en premier lieu la Correspondance new-yorkaise et le Le désert américain de Raymond Depardon (mais aussi l'été dans le "Deep South" de Gilles Mora). Un peu plus tard, et dans un registre graphique différent, il y a eu le Written in the West de Wim Wenders et ses errances pré-"Paris, Texas". Et beaucoup d'autres ensuite comme bien sûr Robert Frank et ses Américains, la découverte de Louis Faurer et de Saul Leiter, William Eggleston et Stephen Shore, avec une mention particulière pour The road to Reno d'Inge Morath.
À chaque fois, des visions de l'Amérique dans lesquelles je me sentais d'une certaine façon "comme à la maison" et qui, en retour, revenaient en filigrane dans mes propres images. J'ai presque commencé ce blog avec la question de la poule et de l'œuf du regard photographique, en particulier dans des lieux aussi chargés symboliquement que les USA, et j'y suis revenu plusieurs fois (cf. ici ou là).
On pourrait aussi prendre prétexte de cette singularité (multiple quand même) de l'américanité pour interroger le format, la couleur par rapport au noir et blanc, etc. Depardon n'a, me semble-t-il, jamais photographié l'Amérique en couleurs, ni Faurer ni Frank (?), alors que c'est en Amérique que Doisneau est allé chercher une colorisation qu'on ne lui connaît pas dans ses photos parisiennes. À l'inverse, Leiter est synonyme de couleurs et, lorsqu'on publie de l'Eggleston en n&b, on prend soin de le préciser. Wenders (par exemple dans "Une fois") oscille entre les deux, souvent plus narratif en n&b, davantage contemplatif et silencieux en couleurs.
Autant d'Amériques avec lesquelles et dans lesquelles on ne se lasse pas de voyager, roulant, marchant, photographiant…
Merci pour ces belles précisions Patrick, et le plaisir du texte, toujours.
RépondreSupprimerTu as raison, nous pourrions/pouvons interroger les choix techniques selon les paysages, comme les peintres pouvaient changer leur palette selon la région.
Mes deux premiers "émois photographiques" furent Robert Frank avec "Les Américains" et Eggleston, bien sûr, et si l'on précise Eggleston en N&B, c'est aussi parce que c'est un avant, avant qu'il découvre la puissance de la couleur via les snapshots d'un petit labo photo où il accompagnait un ami. Et je ne me souviens pas qu'il soit revenu au N&B ?
De Depardon, j'aime les N&B, beaucoup ... Son film "Les Paysans" est une merveille. Mais hélas, je n'ai jamais su apprécier ses photos couleurs; elles reflètent ce que je ne trouve pas chez la majorité des photographes non américains : absence de la primauté de la couleur dans la construction et l'élaboration de la photo, sa part essentielle dans le rendu. Non, juste une photo "en couleurs". ( Là, j'accepte les lancers de tomates, mais j'ai beau feuilleter son bel ouvrage sur la France, la couleur me semble anecdotique, à quelques exceptions près)...
Je te souhaite donc d'autres beaux et longs voyages en Amérique ;)
Sylvie
PS : Si tu re-passes par New-York avant la fin Octobre, il y a une exposition dédiée aux travaux de Gordon Parks à la Galerie Howard Greenberg...N&B et couleurs.
RépondreSupprimerPPS : tu peux aussi m'envoyer une carte postale de la galerie.
;)
À moi aussi !!
RépondreSupprimerDésolé de vous décevoir tous les deux... Il y aura des ailleurs d'ici fin octobre, mais pas de ce côté-là :(
SupprimerPS : J'accepte les cartes postales où que tu sois et en particulier du Japon. Je n'ai pas réussi à en trouver une seule intéressante…
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