Hôtel Monge,
Saint André les Alpes, 25 juin 2012
Nul besoin d'une chambre, juste l'irrépressible envie d'aller voir à quoi ressemble vraiment, de l'intérieur, cette grande bâtisse à peine entr'aperçue qui se déclare hôtel en lettres rouges tout en se cachant derrière des feuillages envahissants, et qui insiste en affichant sur la rue un écriteau "ouvert", histoire de contredire le message silencieux envoyé par les volets presque tous fermés. Passé le portail, c'est cour gravillonnée, chaises de jardin disparates, garage ouvert sur une camionnette et volée de marches conduisant à la porte principale. Personne alentour, personne à l'accueil. Dans le salon attenant à l'entrée, une télé allumée débite dans le vide le flot de ses informations et, entre canapé et fauteuils colorés, une table basse décline comme partout le désordre de quelques revues ouvertes. Toujours personne. Juste à côté de la banque derrière laquelle sont suspendues quelques clés, un escalier aux marches de pierre et de bois s'évade vers le demi-étage. Sur la gauche, une double porte vitrée marque l'entrée d'une salle de restaurant accueillante, vaste et lumineuse. Fenêtres sur trois côtés, nappes blanches et tables mises pour le prochain petit-déjeuner si l'on en croit les tasses renversées dans les assiettes. Aller plus loin relèverait de l'intrusion. Je redescends, prends une carte de visite sur le comptoir — aussi un Mi-Cho-Ko (ô doux souvenir d'enfance !) dans un bol de bonbons — et je sors, traversant solitaire la cour en refermant derrière moi, de symétrique manière, la parenthèse d'espace-temps que j'avais ouverte.
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