New York,
octobre 1986
Parce qu'on est arrivé avec dans la tête sans doute trop d'images du Manhattan de Woody Allen, on en viendrait à croire que New York est une ville en noir et blanc. Et pourtant, même s'il n'est pas besoin de le montrer pour savoir que les taxis y sont jaunes, je vois ressurgir en essayant d'y repenser des tâches de couleurs émergeant de la grisaille d'automne. Je me souviens de façon de plus en plus nette du vert hésitant des arbres de Central Park, bien sûr aussi du rouge claquant des néons Coca-Cola de Times Square mais plus encore de celui des pizza slices que l'on achète au coin des rues pour les manger en marchant — ce que j'ai précisément fait ce jour-là juste avant de prendre cette photo. Et, noir et blanc ou couleurs, c'est par ricochet l'image d'un cadre en costume à peine aperçu de dos qui me revient en mémoire, laissant derrière lui une odeur d'herbe après qu'il m'ait dépassé à l'instant exact où je déclenchais. Des bruits d'alors cependant, rien ne m'est resté. Je pourrais convoquer l'imaginaire attendu d'une sirène de police dans le lointain, mais le faisant j'aurais conscience de plaquer une sensation artificielle sur une réalité qui peu à peu m'échappe et dont le souvenir se disperse de nouveau, ténu comme la fumée de cette cigarette qui s'éloigne.
octobre 1986
Parce qu'on est arrivé avec dans la tête sans doute trop d'images du Manhattan de Woody Allen, on en viendrait à croire que New York est une ville en noir et blanc. Et pourtant, même s'il n'est pas besoin de le montrer pour savoir que les taxis y sont jaunes, je vois ressurgir en essayant d'y repenser des tâches de couleurs émergeant de la grisaille d'automne. Je me souviens de façon de plus en plus nette du vert hésitant des arbres de Central Park, bien sûr aussi du rouge claquant des néons Coca-Cola de Times Square mais plus encore de celui des pizza slices que l'on achète au coin des rues pour les manger en marchant — ce que j'ai précisément fait ce jour-là juste avant de prendre cette photo. Et, noir et blanc ou couleurs, c'est par ricochet l'image d'un cadre en costume à peine aperçu de dos qui me revient en mémoire, laissant derrière lui une odeur d'herbe après qu'il m'ait dépassé à l'instant exact où je déclenchais. Des bruits d'alors cependant, rien ne m'est resté. Je pourrais convoquer l'imaginaire attendu d'une sirène de police dans le lointain, mais le faisant j'aurais conscience de plaquer une sensation artificielle sur une réalité qui peu à peu m'échappe et dont le souvenir se disperse de nouveau, ténu comme la fumée de cette cigarette qui s'éloigne.
Belle réflexion sur la mémoire et nos perceptions, et belle photo. Ne pas garder le souvenir du moindre bruit environnant pourrait être la preuve de la concentration du photographe et qui sait si cette présence/absence partielle n'est pas une qualité addictive de la photographie ?
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