vendredi 20 août 2010

Citations (14)

Paris, mai 2002

"Selon mes instructions, dans le courant du mois d’avril 1981, ma mère s’est rendue à l’agence Duluc détectives privés. Elle a demandé qu’on me prenne en filature et a réclamé un compte rendu écrit de mon emploi du temps ainsi qu’une série de photographies à titre de preuves."

11 commentaires:

  1. Joli clin d'oeil ! As-tu rencontré l'agence par hasard ? Savais-tu déjà que c'est l'agence qui a réalisé la filature de Sophie Calle quand tu as pris la photo ?

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  2. Je suis tombé sur l'agence Duluc tout à fait par hasard. Au moment où je l'ai vue, j'avais une impression confuse qu'elle apparaissait dans un film de la Nouvelle Vague (était-ce là que travaillait Antoine Doinel dans "Baisers volés" ?) et c'est en cherchant ce qu'il en était que je me suis aperçu (longtemps après) que c'était en fait l'agence qu'avait choisie Sophie Calle pour sa filature... Quoi qu'il en soit, j'adore cette plaque factuelle et minimaliste, presque trop belle pour être vraie !

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  3. Selon toute vraisemblance, tu "descendais" la rue du Louvre vers la Seine, tu venais de traverser la rue Saint-Honoré et tu as fait cette photo... au printemps 2002.
    Je ne sais pas si la plaque est restée la même depuis ce temps, mais ce qui est sûr c'est que l'enseigne néon, minimaliste elle aussi et laconique, est toujours la même... il y a moins d'une semaine je croisais le carrefour précité et pouvais m'apercevoir que rien n'avait changé, ou alors peut-être que plus rien de l'agence Duluc n'existait hormis cette signalétique bien "particulière" pour un nom qu'il aurait été difficile d'imaginer...

    Cette série "Citations" me semble, mais pour les autres je ferais une remarque un peu semblable, beaucoup jouer sur la connaissance/connivence, pas "private joke" mais un peu quand même... ce qui tendrait à "écarter" celui/celle qui n'aurait pas les clés, ou qui ne saurait pas les trouver. Le sens de tes billets se déplace donc de la photographie au "jeu littéraire" au point que je (je ne parle qu'en mon nom) me demande parfois si je dois plutôt rester "concentré" sur la photo ou plutôt décrypter, décoder, chercher ce qui m'échappe et alors laisser de côté l'émotion purement visuelle, photographique.

    J'ai déjà dû évoquer cet aspect-là avec toi... c'est quelque chose que je me demande aussi personnellement... quelle part/importance donner à une intention ou à l'autre...

    Illustration : Dire qu'ici il s'agissait d'une citation de S. Calle modifiait-il la perception photographique et l'intérêt que l'on pouvait trouver à la photographie?

    Je n'ai pas de réponse et peut-être même pas d'avis... et je sais qu'en abordant cet aspect des "choses" je marche sur des œufs !

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  4. @ Alain

    Les questions que tu soulèves sont intéressantes. Jeu littéraire ? J'assume (mais Google est là pour débloquer le parfum éventuel de connivence...). Déplacement par rapport à la photo ? Alors là, je ne suis pas sûr d'avoir de vraie réponse. Dans le cas Duluc, j'aimais bien la photo mais pas tant pour elle-même que pour plusieurs choses qui allaient autour : la rencontre fortuite de l'agence, son petit air de mystère, la confrontation par une malheureuse plaque avec la réalité de ce boulot qu'on imagine souvent surtout par le prisme de la littérature ou du cinéma, les réminiscences que cela faisait naître, etc., toutes choses n'allant pas pour moi dans le sens d'une publication de l'image seule. Et puis, une (mini) énigme pour une agence de détectives, c'est assez naturel... Ceci dit, je comprends que ta question est plus large et, là, c'est autre chose. J'essaie souvent (pas toujours, loin s'en faut) d'adjoindre un texte à une photo mais en essayant d'éviter le côté trop directement illustratif ou redondant. Or, lorsqu'il y a commentaire, j'ai remarqué que c'est dans ce cas souvent la photo qui est un peu oubliée... Sans doute une question d'équilibre incertain, peut-être de "fermeture" de l'image par l'écrit, sûrement de difficulté dans le partage d'intention.

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  5. Je m'immisce ... Mais saisissons-nous toujours l'intention d'un photographe, "même" sans texte ? Sauf pour un certain genre de photographie ( par ex : paysage et 3 canards, ou nu de Marie Lou ) que savons-nous de l'intention première, et le photographe le sait-il toujours lui-même au moment d'appuyer sur le déclencheur ? Eggleston dit - en substance - : j'appuie sur le bouton et il se passe toujours quelque chose.
    Comment connaître son intention, la saisit-il de manière raisonnable immédiatement, qu'est ce "quelque chose" qui se passe ?
    Et quand bien même il nous arrive de penser une photo à l'avance, très précisément, avec tel cadrage, telle lumière, telle intention, la découverte de l'image sur le film ou notre écran ne nous révèle-t-elle pas, parfois, tout autre chose ? Peut-être le côté "magique" de la photographie...comme si notre oeil pouvait enregistrer cent fois plus vite que notre cerveau, à notre insu ?
    Enfin je reviens sur cette phrase de Patrick : "Or, lorsqu'il y a commentaire, j'ai remarqué que c'est dans ce cas souvent la photo qui est un peu oubliée... "
    Bien sûr, cela n'engage que mon expérience, mais lorsque vous joignez un texte à vos photos, je pense au ... cinéma. L'impression est de voir un extrait de film ou un film très bref, et je passe de l'un à l'autre sans préférer l'un ou l'autre. Si la photo ne me "parle" pas alors le texte n'y changera rien, et inversement...mais cela n'est pas encore arrivé ;).

    Je crois bien avoir écraser tous les oeufs.
    :)
    note-book

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  6. avoir écrasé pardon ;)

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  7. Eh bien, Patrick et "anonyme/note book" (quel dommage de s'appeler ainsi...!) nous sommes à peu près d'accord... le texte "ferme" la lecture photographique et les commentaires quand il y en a se portent plutôt sur les photos sans textes.
    Je ne crois pas que l'on puisse "passer" aussi facilement que ça de la photo au texte et inversement lorsque les deux coexistent... le texte énonce et la photographie va, le plus souvent, venir vérifier/infirmer ce qui est écrit... je le crois sincèrement.

    À propos de l'intention, chère "interlocutrice", partisan convaincu de l'intuitif lors de la prise de vue - après pour ce qui est de la lecture/réflexion/choix/utilisation, c'est une autre paire de manches... - je ne résiste pas au plaisir de citer à nouveau G. Winogrand : "Je fais des photographies pour savoir de quoi auront l'air les choses une fois photographiées" qui me plaît et convient assez...

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  8. Alain, vous pouvez m'appeler note-book, tout simplement. Je plaisante bien sûr, et vous remercie de préciser votre approche. J'avoue que cette citation me laisse dans un grand état de perplexité... Je vais donc y réfléchir avant de vous livrer trop de sottises, mais savoir de quoi auront l'air les choses une fois photographiées ... non, vraiment, car si je déclenche, une fois et une seule, j'ai une idée très précise de l'air que les choses doivent avoir - ce qui n'empêche pas les surprises -. En ce sens, je ne crois pas à l'intuition "pure", mais aussi à l'expérience, à la cristallisation d'une vision où formes, couleurs ( pour mon cas ), espaces dessinent un territoire que je connais parfaitement, ou plus exactement intimement. C'est donc, si vous me passez l'expression, un va-et-vient incessant entre ce que nous appelons intuition ( je déclenche ) et la connaissance par l'expérience de "notre" monde.
    Claudio Parmiggiani écrit :
    "Nous ne représentons pas ce que nous voyons, nous ne connaissons et nous ne voyons pas les choses commes elles sont. Nous voyons ce que nous sentons."

    Bref, je crois à un échange incessant : le sais ce que je veux capter de ce que je vois et ce que je capte me permettra, je l'espère, de découvrir comment mieux capter ce que je sens.

    Vous ai-je assez assommé !
    Sylvie

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  9. Alain Poisson et NoteBook on déjà écrit pas mas de choses sur les citations.
    J'adhère sans condition au "jeu littéraire" dont parle Alain Poisson même si ce jeu peut sembler rejeter (un peu) les regardeurs qui n'aurait pas les mêmes références. Ce n'est pas catastrophique l'image reste malgré tout, et intrigue d'autant plus.
    Mais là n'est pas la question, puisque la photographie est un jeu dans lequel tout est permis ou presque, c'est un peu comme ça que je vois la chose, même si comme je l'ai dit ailleurs, je n'ai pas votre (PF, AP, NB, CQ…) détachement (faux détachement, certes, mais quand même) ou tout semble naturel et à sa place.
    Ce jeu, c'est aussi quand en marchant, peut être même sur un trajet quotidien, (là ça m'étonnerait quand même …) on voit la plaque Duluc et on se dit : mais Duluc, Duluc, c'est Duluc de machin au cinéma… bon moi aussi j'ai tout de suite pensé à Truffaut/Léaut et pas à Sophie Calle en premier, mais j'aurais aussi cherché (après avoir pris la photo) pour savoir, et donc une citation peut être complémentaire à l'image.
    Dans ce cas, et c'est souvent le cas, avec Patrick Flandrin c'est comme une voie off au cinéma. Et j'aime bien les voix off. Cela ce rapproche du roman photo, de la notation, du documentaire et du journal.
    En disant celà je pense aussi que j'aime les bandes dessinées, c'est peut-être pour cette raison que j'ai cette position par rapport au discours rapporté. J'y réfléchirai…
    D'ailleurs, j'ai beaucoup de difficulté à parler de Photographies, je préfère de loin le terme image, beaucoup plus ouvert et moins "connoté Photographe" et là dans une image le commentaire à ça place il complète la photo. Les deux peuvent marcher ensemble sans concurrence.
    Par contre j'aime pas les titres qui eux pour le coup orientent définitivement le sens de la lecture.
    PS : faudrait pas croire que je vais écrire tout les jours comme ça, mais vos échanges m'ont bien plu et m'ont poussé à sortir de mon trou…
    Portez vous bien tous.

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  10. Merci Christian pour ce long commentaire, et aussi à Sylvie, Alain et Cédric pour les précédents. Pas tout à fait d'accord pour les titres, mais rien de grave... Amusant que, parmi toutes les "images" que j'ai pu poster, ce soit celle-ci, a priori l'une des plus banales, qui — en nombre et en longueur de textes — ait attiré le plus de commentaires !

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  11. Christian, nous partageons le même goût du terrier, alors un grand merci pour votre avis que je découvre avec plaisir, et j'aime votre préférence pour le terme "image".
    Juste présenter mes excuses pour avoir écrit une chose aussi bête que : "comme si notre oeil pouvait enregistrer cent fois plus vite que notre cerveau, à notre insu ? " , ce qui est tout de même un sacré défi aux lois de la nature...

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