"Il faut qu’il y ait, dans les choses représentées, le murmure insistant de la ressemblance ; il faut qu’il y ait, dans la représentation, le repli toujours possible de l’imagination."
(M. F.)
"Je cherche en même temps l'éternel et l'éphémère."
(G. P.)
Dans les années 90, j'ai écrit un livre scientifique avec, en exergue, ces deux citations. En parallèle, j'ai fait des photos et peu à peu compris que mon intérêt pour les images, même s'il joue dans un registre différent, partage beaucoup avec mes préoccupations de travail de recherche. S'il fallait trouver un fil directeur dans ce que j'ai fait et continue de faire, on pourrait dire que cela se résume en deux mots : la représentation et le temps. Représentation dans le sens basique de "re-présentation", c'est-à-dire décrire une même "réalité" dans des espaces transformés par rapport à celui dans lequel on l'observe, espaces tous équivalents et interchangeables d'une certaine manière mais tous différents dans la mesure où ils offrent chacun un point de vue spécifique, particulier, plus ou moins adapté à l'information que l'on cherche à découvrir, extraire, analyser. Temps ensuite parce que tout est dynamique, évolutif et changeant dans le monde et que tout s'y rapporte, avec le paradoxe que les modèles mathématiques reposent le plus souvent, pour en rendre compte, sur des idées d'invariance qui excluent l'intuition de pouvoir concilier l'instantanéité et la permanence. Et la photo dans tout cela ? Eh bien qu'est-ce que la photographie si ce n'est de figer une forme de reproduction particulière de la réalité dans un presque instant et de lui permettre ensuite de continuer à vivre ? La photo comme vision intermédiée, comme preuve du temps, comme mémoire, comme citation. La photo ouverte aussi sur tant de passerelles avec d'autres et jusque fondue dans ses propres paysages intermédiaires. Et ce billet pour préciser un peu, près de 5 mois après l'avoir ouvert, ce en quoi il me semble s'est décanté le ton (dont l'exportation hasardeuse peut se révéler au mieux réductrice, au pire désastreuse) de ce blog.
dimanche 17 janvier 2010
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Ce lien entre la photographie et tes activités scientifiques, je l'avais perçu peu à peu. Il transparait même explicitement (ou presque !) dans certains des clichés que tu nous as offerts à voir. Mais, des fois, ça va mieux en le disant. Merci pour ce point de vue.
RépondreSupprimerUne très très belle analyse, et un billet à forte résonance chez moi. L'occasion de saluer le livre auquel tu fais référence, qui a accompagné toute une partie de mes études. (Je n'aurais pas imaginé le faire ici, mais comme tu viens de le mettre en évidence, tout se tient.)
RépondreSupprimeret si vous nous disiez quel est ce livre?
RépondreSupprimer@ Guillaume Ertaud
RépondreSupprimerPourquoi pas ? L'édition française est ici :
http://www.lavoisier.fr/fr/livres/index.asp?texte=2866017000&select=isbn&from=Hermes
et la traduction anglaise est là :
http://www.elsevier.com/wps/find/bookdescription.cws_home/678562/description#description
Bonne lecture !
Sur la représentation et le temps.
RépondreSupprimerVoici un billet qui porte à maintes reflexions.Travaillant sur la re-présentation du réel sur le mode cinématographique, cela me pose question.Quel capteur renvoie du réel l'image que je veux en donner? .La totalité d'un fragment du réel étant, me semble-t-il impossible à re-présenter, j'ai opté pour le point de vue et l'échelle.Le point de vue permet d'affirmer une subjectivité de cette représentation et l'échelle permet de la relativiser.
Quant au temps, il me semble que c'est la grande affaire du cinéma "du réel",faire un état des lieux dans un temps donné.
Et puisque ce billet ressemble à un premier bilan, merci Patrick de nous offrir ici un espace de discussion et de réflexion, ce qui n'est pas toujours possible ailleurs.