samedi 2 janvier 2010
Bonheurs en petite monnaie (1)
Le train, qui seul traverse ces "cinq terres" dépourvues de routes, nous avait posés à Corniglia, juste au pied des longues volées de marches menant jusqu'au village haut perché au-dessus de la voie et à une chambre trouvée grâce à un numéro de téléphone dans un vieux City. La chambre était étroite et sombre, occupée à moitié par une immense armoire à glace, mais le belvédère était au bout de la ruelle et il y avait de la focaccia dans la boulangerie-comptoir juste à gauche en sortant.
Presque personne dans cette entre-deux où l'été finissant ne se décidait pas encore à laisser la place à l'automne. Souvenir de marches tranquilles sur des corniches escarpées et de descentes abruptes dans des criques désertes où se baigner donnait une impression d'évidence d'être totalement dans l'instant, ni dans des allers-retours avec un passé fait de regrets ou d'autres bonheurs, ni dans un futur avançant les pions de ses projets et de ses soucis, mais d'être juste là, synchrones, et d'en avoir une conscience pleine et entière.
Et le train qui allait venir bientôt nous ramènerait à Gênes en refermant une parenthèse non pas parfaite mais proche de quelque chose de l'ordre de "l'exactitude".
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