lundi 28 décembre 2009

Photos que l'on aurait pu prendre (6)

Lou ne veut pas que je la photographie.
Toulon, avril 2009

Y a-t-il un temps pour photographier ? Un état sans doute, mais pourquoi faudrait-il le prétexte d'un événement particulier, d'un voyage ou d'un écart à l'habitude pour fixer des images ? Beaucoup de "photos que l'on aurait pu prendre" ne l'ont pas été pour la simple raison qu'il aurait fallu disposer à ce moment-là d'un appareil que l'on n'avait pas sous la main mais, inversement, lorsque l'on a toujours sur soi de quoi photographier ("Shoot ? Toujours prêt !"), c'est la question de la nécessité qui s'invite car, comme pour la carte de Borges dont le souci de reproduction toujours plus fidèle de la réalité l'amène à être aussi grande que son objet, à lui être ainsi parfaitement superposable mais par là-même totalement inutile, à quoi bon la chimère d'espérer ne rien manquer de ce qui peut s'offrir à notre regard, et d'en garder trace ?

2 commentaires:

  1. Non, bien sûr...Parce que bons ou mauvais photographes ( cela n'a pas d'importance ), nous ne photographions pas le monde, mais notre monde, celui qu'on ne dit pas, qui n'est pas dicible, ou qu'on ne veut pas dire. Rien n'est plus intime qu'une photographie qui reste un autoportrait sans cesse redessiné, ajusté, enrichi, une ritournelle.
    Dès lors, ce n'est plus "prendre la photo" qui pose la question de la nécessité, mais bien "montrer la photo"...Peut-être.

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