Place Tian'anmen,
Pékin (Chine),
mars 2015
Les grands axes qui longent la Place Tian’anmen sur ses quatre côtés sont bordés de barrières blanches infranchissables. Seraient-elles franchissables qu’on ne s’aventurerait pas à traverser, sauf peut-être à ces rares instants où, l’immensité aidant autant qu’une régulation implacable du trafic (assurée maintenant par des feux ayant remplacé les policières qui s’en chargeaient autrefois, ravivant en moi le souvenir de leur ballet mécanique orchestré sur d’imposantes estrades couvertes que l’on n’a pas jugé bon de faire disparaître…), les intersections se vident miraculeusement de tout véhicule.
Pour accéder à la Place, il faut passer une première barrière de chicanes, lourds croisillons de métal montés sur roulettes et modulables à façon, permettant à n’en pas douter de boucler efficacement tout accès en un rien de temps. Il faut ensuite descendre une volée de marches et emprunter un long couloir souterrain au bout duquel c’est le contrôle proprement dit, scanner à tapis roulant pour les sacs (façon aéroport), passage sous un portique de détection, fouille éventuelle. La préposée à la machine et celui à la fouille s’activent avec ennui sous le regard lointain d’un militaire en faction, hiératique et impassible, semblant pouvoir garder la pose des heures.
Nouvelles marches, chicanes encore et on y est.
L’Histoire est passée plusieurs fois par là mais la Place, qui est désormais interdite aux vélos et où il n’y a pas l’ombre d’un banc où se poser, est aujourd’hui le royaume des touristes (chinois pour la plupart) et des badauds, celui donc des photos-souvenirs, des selfies et des portraits proposés par une nuée de photographes ambulants, catalogues colorés en bandoulière.
Entre ses deux Mao immuables, celui au Nord dont la figure géante surplombe l’entrée de la Cité Interdite et celui au Sud qui dort embaumé dans son Mausolée visité toujours avec ferveur, on croise des uniformes verts un peu partout, posés comme statues ou arpentant les dalles grises au pas cadencé, seuls ou en bataillons. Quelques voitures de police aussi, et des camionnettes de la Croix-Rouge pour l’aide médicale d’urgence.
De loin en loin, quelques fanions s’agitent en signe de ralliement pour des visites organisées. Passent des groupes bruyants. Un couple d’amoureux flâne lentement, main dans la main. La lumière est aveuglante et le fracas de la ville semble étrangement lointain. La Place est immense et calme.
Pékin (Chine),
mars 2015
Les grands axes qui longent la Place Tian’anmen sur ses quatre côtés sont bordés de barrières blanches infranchissables. Seraient-elles franchissables qu’on ne s’aventurerait pas à traverser, sauf peut-être à ces rares instants où, l’immensité aidant autant qu’une régulation implacable du trafic (assurée maintenant par des feux ayant remplacé les policières qui s’en chargeaient autrefois, ravivant en moi le souvenir de leur ballet mécanique orchestré sur d’imposantes estrades couvertes que l’on n’a pas jugé bon de faire disparaître…), les intersections se vident miraculeusement de tout véhicule.
Pour accéder à la Place, il faut passer une première barrière de chicanes, lourds croisillons de métal montés sur roulettes et modulables à façon, permettant à n’en pas douter de boucler efficacement tout accès en un rien de temps. Il faut ensuite descendre une volée de marches et emprunter un long couloir souterrain au bout duquel c’est le contrôle proprement dit, scanner à tapis roulant pour les sacs (façon aéroport), passage sous un portique de détection, fouille éventuelle. La préposée à la machine et celui à la fouille s’activent avec ennui sous le regard lointain d’un militaire en faction, hiératique et impassible, semblant pouvoir garder la pose des heures.
Nouvelles marches, chicanes encore et on y est.
L’Histoire est passée plusieurs fois par là mais la Place, qui est désormais interdite aux vélos et où il n’y a pas l’ombre d’un banc où se poser, est aujourd’hui le royaume des touristes (chinois pour la plupart) et des badauds, celui donc des photos-souvenirs, des selfies et des portraits proposés par une nuée de photographes ambulants, catalogues colorés en bandoulière.
Entre ses deux Mao immuables, celui au Nord dont la figure géante surplombe l’entrée de la Cité Interdite et celui au Sud qui dort embaumé dans son Mausolée visité toujours avec ferveur, on croise des uniformes verts un peu partout, posés comme statues ou arpentant les dalles grises au pas cadencé, seuls ou en bataillons. Quelques voitures de police aussi, et des camionnettes de la Croix-Rouge pour l’aide médicale d’urgence.
De loin en loin, quelques fanions s’agitent en signe de ralliement pour des visites organisées. Passent des groupes bruyants. Un couple d’amoureux flâne lentement, main dans la main. La lumière est aveuglante et le fracas de la ville semble étrangement lointain. La Place est immense et calme.
(avril 1986)
Ces photographies de deux réalités, hier et aujourd'hui, que tu appelles "Mao Mao", même s'il renvoie aux deux Mao, éclate pour moi - la Chine, mon dieu, c'est si loin, si étrange, si différent... - dans La Chinoise de Godard et je pense que tu n'es pas innocent à ce sujet.
RépondreSupprimerAlors parce que les souvenirs du temps passé, les espoirs fous, démesurés qui accompagnaient ces années-là, qui n'étaient pas de plomb, je me permet de mettre en lien la chanson de ce film qui accompagne quelques images du film... Wiazemski, Bertho, Léaud... une dream team comme il n'en existera plus. Regrets.
https://www.youtube.com/watch?v=rjlJ1hkVMFQ
Touché ! :-)
Supprimer... permets... :-(
RépondreSupprimeret... Berto ! et Wiazemsky !!!
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