Maroc, 2013
1. En sortant de la gare, le rectangle aux bords arrondis de la fenêtre du compartiment découpe un paysage fait d'immeubles semblant en construction permanente — juxtaposition, empilement, accumulation de cubes de béton, tous également surmontés, décorés, grêlés d'une multitude de paraboles.
2. Dans le brassage des allées et venues, l'invariant des téléphones portables omniprésents comme dénominateur commun.
3. Le temps d'un regard, la perspective à peine entraperçue d'une large avenue aligne des réverbères le long de constructions rouge sang, sitôt remplacées par le vert et l'ocre de poches de végétation.
4. Des champs de cactus, un âne, un feu d'herbes sèches, une mobylette au phare allumé, on a bientôt quitté la ville.
5. On laisse le regard flotter et, petit à petit, on s'installe dans le voyage.
6. L'horizontalité sans faille du paysage est parfois troublée par un château d'eau, un minaret, ou un château d'eau déguisé en minaret, quand ce n'est pas par le profil d'un alignement de cyprès qui égaie la ligne d'horizon.
7. Le train arrêté dans une courbe, un attroupement que l'on devine vers les voitures de tête, vite la rumeur que quelqu'un s'est jeté sur la voie, les enfants que l'on presse de rester dans le compartiment, les adultes en éclaireurs, les jeunes qui vont et viennent, à chaque fenêtre des immeubles qui donnent sur la voie des curieux qui attendent et regardent en silence.
8. On repart et, de plus en plus souvent, c'est la vue de quartiers en retrait, qu'on pourrait croire maintenus à une distance de sécurité de la voie ferrée dont ils sont séparés par des friches ou des terrains vagues interrompant sans transition des rues à l'implantation géométrique régulière, quadrillant avec constance un espace prélevé au milieu de nulle part.
9. La gare en cul-de-sac, le même Hôtel IBIS à l'arrivée qu'au départ et la chaleur retrouvée. Une porte, un hall, une autre porte, une esplanade, des taxis en tous sens, la ville à deux pas.
Maroc, 2013
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