pour Zoé
C'est en 1928 et à Jacumba — alors encore une villégiature florissante de Californie — que William Wellmann tourne Beggars of Life avec Louise Brooks. Celle-ci raconte dans ses mémoires le tournage du film et les trois semaines difficiles qu'elle aura passées là-bas, logée avec toute l'équipe au Jacumba Hotel.
Concurrencée par d'autres destinations comme Palm Springs, la petite ville aux eaux réputées déclinera peu à peu et tombera dans l'oubli. Partiellement détruit par un incendie en 1983, le Jacumba Hotel restera en ruines jusqu'en 1991 avant d'être presque complètement rasé. Entre temps, en 1985, Philippe Garnier et Claude Ventura reviendront visiter les fantômes de cette histoire pour Cinéma, Cinémas.
Aujourd'hui, Jacumba est plus que jamais un trou perdu au bord du désert, "à un jet de bouteille" du Mexique dont la frontière avec les États-Unis déroule à portée de regard les kilomètres de sa haute barrière métallique, couleur de rouille. Plus aucun train ne fait la liaison avec San Diego tout proche et des wagons abandonnés sont transformés en refuges de fortune. Le Jacumba Hotel a été remplacé par un "Spa Resort" encore en attente d'une ré-ouverture incertaine. En milieu de journée, la rare vie que l'on croise se concentre au Jacumba Lounge, un endroit dont l'intérieur clair et modernisé contraste avec les quelques bâtiments abandonnés qui longent la rue principale. Le serveur s'excuse de ce qu'il n'a plus de laitue pour le Jacumba burger.
Jacumba (Californie), 26 janvier 2013
Merci Patrick pour ce trip dans une autre Californie, pas celle des corps huilés et bronzés, pas celle des "schwarzys". Dès qu'on quitte les bords du Pacifique, les représentations n’ont plus lieu d'être, les histoires reprennent échelle humaine et la désolation et l'oubli sont les mêmes que partout.Bonne route!
RépondreSupprimerJe ne m'en lasse pas des ces voyages…
RépondreSupprimerMoi non plus ;-) Merci à tous les deux !
RépondreSupprimerça c'est un ami. Tu crois faire de belles photos, tu es content de ton travail, tu pars (aussi) au bout du monde. Et à ton retour tu découvres une série de Patrick et tu te surprends à penser "Je donnerais tous mes clichés depuis 1973 pour avoir fait cette série là" !
RépondreSupprimerAh, Jean-François... toujours le sens de la mesure ! (Comme le dit un ami : "Je t'ai dit un million de fois de ne pas exagérer !") Mais merci mon ami, wish you were here...
SupprimerIl y a toujours un moment aux USA où on n'est plus dans la réalité mais en plein cinéma. "remodeling will be done soon!" On n'y croit pas!
RépondreSupprimerEt tu as bien raison, l'écriteau est là depuis au moins un an je crois...
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