Centro Cultural Borges,
Buenos Aires,
29 août 2010
Des librairies un peu partout, des plus humbles aux plus grandes, étals de soldes ouvrant sur la rue, fouillis indescriptible de l'Huemul et démesure de l'Ateneo dans l'ancien théatre Grand Splendid. Et puis aussi des bribes de mémoire dans la pierre et dans la vie des cafés, le souvenir de Jorge Luis Borges dans le centre culturel qui porte son nom ou en filigrane dans l'ancienne Bibliothèque Nationale (la fenêtre de son bureau était-elle de celles dont on aperçoit les volets fermés depuis la rue Mexico ?), l'ombre de Witold Gombrowicz planant sur la gare de Retiro, les volutes de fumée des cigarettes de Julio Cortazar dont, à n'en pas douter, on respire encore aujourd'hui d'infimes molécules à la Confiteria London City, la tombe de Victoria Ocampo au cimetière de la Recoleta…
Les rues du microcentro de Buenos Aires se croisent méthodiquement à angle droit, déclinant les numéros de leurs portes d'entrée comme elles le feraient des pages d'un in-folio, et les nez coupés des immeubles à chaque carrefour en sont autant de coins cornés. Les couvertures des magazines accrochés aux kioscos renvoient sur papier glacé l'écho de ces "attraits des plus aimables argentines" dont parlait Henry Jean-Marie Levet et que l'on croise sans plus même s'en apercevoir. Composant avec le patchwork des trottoirs — entre dalles de béton, petits carreaux tantôt gris tantôt blancs et cicatrices mal refermées —, on peut marcher au hasard des rues de Buenos Aires comme on feuilletterait dans le désordre un grand livre partagé, aux pages patinées et froissées d'avoir été lues et relues.
mercredi 15 septembre 2010
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