mercredi 16 décembre 2009

Chambres d'hôtel (21)

Cambridge (MA), mars 1996

Il a neigé et — la météo est formelle — il neigera encore bientôt. Par les fenêtres d'angle du Marriott qui est juste à l'extrémité du MIT, on surplombe un parvis venté que traversent sans s'attarder quelques silhouettes. Se perdant dans les brumes de l'autre côté de la Charles River, on devine les tours de Boston et, si le regard pouvait porter un peu plus loin encore sur la gauche, on aborderait à l'embouchure de la Mystic River, celle-là même autour de laquelle rôdera quelques années plus tard le film de Clint Eastwood. Si l'on tournait maintenant le dos au vitrage, cette singularité s'évanouirait d'un coup dans l'anonymat des Marriott du monde entier, dont l'agencement semblable est supposé rassurer ceux pour qui les hôtels ne sont plus de voyage ni de découverte, mais dont les chambres sont des bulles avec lesquelles ils se déplacent lorsqu'il faut bien se déplacer.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire